Je ne suis rien. Je suis parti encore. Je ne fuis pas. Je ne suis rien, je ne fais rien de toutes façons. Je récupère de l’argent et je m’invente des pseudonymes. Les filles défilent mais je ne couche qu’avec celles qui acceptent le sexe sans capote. Ce n’est pas de la provocation, l’odeur du latex me fait débander. Elles ne sont pas si nombreuses à refuser. Je n’essaie même pas de mourir en faisant ça, si j’étais assez sobre pour être rationnel, je suis sûr que ne pas fumer me sauve autant que de ne pas mettre de capotes. Je ne fuis rien, je m’emmerde de tout par moments, c'est simplement ça. Je roule pour pouvoir gueuler, seul dans l'habitacle. Quand je suis à plusieurs, je ne m'en vais pas vraiment. Je roule et j'ai plus de voix. J’ai acheté un pick-up. Il m’a déçu. Je suis revenu à une berline plus classique. Je repars. Je vais à droite à gauche, mes économies pour l’essence et les restaurants, je dors en faisant du couch surfing ou en draguant dans des bars. Les filles adorent les voyageurs. Je lis. Du Michelet. C’est nul mais j’ai toute son histoire de France dans le coffre. Je ne fuis plus rien, je n'ai probablement jamais rien fuis, même pas l'ennui. Je ne pars pas vers l'avant, je pars vers l'Est, je reviendrais normalement sur mes traces.