jeudi 12 mars 2009

Un type massif

J'étais assez sur mon banc quand il est arrivé le type. Assez grand, assez costaud. Il me dit "Salut, je peux m'assoir?", je lui fais "Ouais". Après il me parle mais je l'écoute pas trop, sauf quand j'entends "astral". Parce que moi je suis passionné par les voyages astraux et le plan astral et toutes ces merdes. Alors je lui dis que j'ai déjà eu une expérience hors corps. Ça c'est passé d'une façon un peu bizarre, en fait quand j'étais petit j'étais hyperactif et mes parents étaient assez cools genre socialistes genre pas de médicaments tout le temps. En fait c'est faux, ma mère était à fond dans les médicaments, genre accro à des tas de trucs, mais du coup pour déculpabiliser, elle faisait tout pour que nous on prenne rien, même quand on était super malades et tout. Donc j'étais super actif et j'allais voir deux personnes pour trouver des solutions: une meuf à Monbazillac et un type dans le centre de Bergerac. La meuf était une sorte d'hippie chrétienne qui me faisait faire une sorte de yoga et le type essayer de ressembler à Freud, genre barbichette, et il me faisait parler de ce que je ressentait en me concentrant sur ma respiration, genre il fallait aspirer en comptant un deux trois quatre, puis retenir en comptant un deux, pui expirer en undeuxtroisquatre puis retenir undeux et ça pendant des séances d'une heure environ. Donc j'étais mal barré dans la vie. Bref, ces trucs de respiration c'était vraiment cool pour s'endormir par contre, j'avais juste à me détendre et ça venait tout seul et je dormais en deux-deux même quand y'avait du bruit dans le salon. Un soir je fais ça, je m'endors, et d'un coup je vois la porte qui s'ouvre doucement, pas de panique c'est Popeye mon petit chat. Moi j'aime ça qu'il dorme avec moi mais ma mère veut pas, parce qu'on sait jamais, peut être que je vais développer une allergie. Alors je lui dit de venir dans mon lit et je lui fais des calins un peu et je vais pour le sortir de ma chambre. Et c'est là que je fais mon voyage astral parce que dès que l'instant où je me lève, ma chambre disparait, elle devient toute noire, je me retourne et mon lit n'est plus là, ni la télévision, ni mon bureau. Il reste la lumière de la porte du salon alors je vais vers là et mon chat n'existe plus et je suis encore en pyjama. Je pousse la porte mais elle a plus de gond alors elle disparait aussi. Je suis au milieu du noir et il reste juste la lumière de la porte entrouverte, sans porte, sans mur, sans salon, sans chambre. Je me dis "je rêve". Bon, j'avais 9 ans, donc je me dis ça en paniquant. Et puis d'un coup je me rends compte que je sens le sol sous mes pieds, ou plutôt je me rappelle qu'avant cet instant j'étais plus sûr de toucher le sol. Là, je suis dans un terrain vague géant, ou une carrière de pierre géante, partout y'a des petits cailloux blancs, des morceaux de calcaire. Et puis j'entends rire à ma droite. Alors je vais vers ma droite et mon chat est revenu à côté de moi et je me dis que c'est surprise sur prise avec Marcel Béliveau. Là je repense que je suis dans un rêve mais c'est plus réel que d'habitude, je me dis à haute voix "si je me voyais dormir ça résoudrait tous les problémes". À ce moment là d'habitude je me réveille dans mes rêves, mais là non. Alors j'ai continué à marcher vers le rire et je suis arrivé dans une sorte de vieux théâtre antique, genre creusé avec des gros bancs en calcaire. Des gens répétaient une pièce très fort. Ça m'intéressait pas trop parce que j'aime pas le théâtre, un peu trop pd comme art je trouve. Donc je repars en arrière et là je vois ma chambre, enfin tous les éléments de ma chambre posés au milieu de la carrière. Et je me vois en train de dormir dans mon lit. Je me dis merde et je cours vers moi. Là je remarque que j'ai le sommeil agité et plus je reprends mon souffle plus je m'apaise. Alors pour déconner je me secoue et je vois que moi qui dort je suis pris de spasmes. Je trouve ça fou. Au moment où j'essaie de me toucher, paf! ça finit et je reste endormi. Je me suis rappelé de ça que le lendemain et je sais que c'était pas juste un rêve. Quand j'ai fini de raconter ça le mec d'à côté se bavait dessus en faisant tourner un bout de bois dans ses mains, en fait c'était un demeuré, je me suis senti un peu bête.