J'ai rendez vous avec la fille de mon éditeur pour lui parler de mes nouveaux poèmes.
"Joue mon jeu, je m'en fous, je m'ouvre les bijoux".
Elle me demande si c'est un haïku, je lui réponds que peut être. Elle est assez sympa comme fille, pas mon genre, trop prépa. Et puis c'est la fille du type qui me donne de l'argent et il ne faut jamais, j'ai dit jamais, coucher avec la fille de la personne qui te nourrit. Tu vois c'est un peu incestueux comme truc.
"Tu me suis
Tu me suces
Nous suons
Sur les rythmes latinos".
Non, là j'en suis sûr c'est pas un haïku que je lui dis. J'avais commencé un énorme poème sur l'amour entièrement en 3-3-3-7 mais j'ai arrêté vite parce que je buvais en même temps et que je me suis retrouvé ivre à la fin de la première partie qui parle des amours qu'on connait entre 30 et 40 ans. Si je me rappelle bien, je me suis endormi ce soir là en regardant des Simpsons que je connaissais déjà par coeur.
"Dans tes yeux
Je le vois
Brille encore
L'amour de nos vingt ans".
La fille est impressionnée, moi je me contente de manger ma salade de crevettes en hésitant à prendre un autre verre de Tariquet. Elle a 17 ans elle me dit. Elle a écrit des poèmes et elle a honte de me les lire maintenant. Je lui dis qu'elle a bien raison en espérant que surtout elle me les lise pas parce que je sais pas du tout cacher l'effroi quand j'écoute des gens lire des poèmes nuls. Même mes poèmes je les hais pour être franc. La poésie, j'ai toujours considéré que c'était le terrain des lopettes et si je m'y suis mis, c'est surtout que pour chier 150 pages de pouin pouin et de ouin ouin en vers qui riment c'est plus avantageux que 150 pages de vrai texte: plus d'espace, moins de lettres pour une paye identique. Je vais prendre un autre verre de Tariquet.
mercredi 25 mars 2009
Prout
Publié par
Miam
à
12:31
Libellés : fille, monde de l'édition, poésie