Au fond rien faire c’est assez agréable. Par moments, je me dis que je gâche mon temps à lire le journal. Surtout quand quelqu’un me demande ce que j’ai fait aujourd’hui. C’est pas normal cette semi-honte que je ressens des fois en répondant « rien ». La vérité c’est que j’ai lu des journaux, maté des Simpsons, fait de la sexualité, mangé du fromage, pensé en me baladant, engueulé dans ma tête ces enculés de droite qui bousillent le bel idéal républicain avec leurs gros 4x4 mentaux. J’ai fait plein de choses. Mais j’ai pas sué (sauf pendant la sexualité) et je me suis pas levé ce matin. Rien faire c’est moins bien en hiver. En hiver il faut faire du ski. Ce qui me manque c’est de l’argent en fait.
J'ai dit ça à mon cousin l'autre jour. D'habitude j'épargne à ma famille ces choses là. Ma famille est chouette, mais ma famille travaille. Tous, tous travaillent, plus ou moins fort, avec plus ou moins de résultats, mais c'est inscrit qu'on peut vivre qu'en travaillant. Il me demandait ce que je faisais exactement dans la vie. Alors je lui ai répondu que je passais beaucoup de temps à lire des journaux et à trainer sur les terrasses sauf en hiver où je m'embête un peu plus parce que j'ai pas assez d'argent pour aller au ski où il y a aussi des terrasses agréables. Il m'a alors demandé ce que j'allais faire après et je lui dis que j'aimerais continuer, parce que j'aime bien. Sauf le coup du ski que je fais pas. Il comprenait mal. Il me disait que je devrais finir par travailler et je défendais le pas forcément. Pas forcément ouais. Je travaillerais que quand j'aurais faim. Il a marqué un point en me disant que je risquais de pas savoir faire si j'attendais trop longtemps. J'ai acquiescé. Mais est-ce que ça fait du sens que je travaille au cas où je dusse finir par travailler? Va savoir que je lui dis vu qu'il me répondait pas, je pense à cause du mot "dusse" qui vient généralement que précédé de "Jean-Claude" dans notre temps. Va savoir cousin, mais j'y réfléchirais demain en me baladant au soleil, je te le promets.