Mes colocs parlent et parlent, on est autour de la table et j'entrave que dalle, ils disent "Jyou Just havje too sqweegee" et je dis "I beg you pardon?" et il disent "DJJJust sqweegee, sgweegee lakjat" et Mark m'attrape le ketchup des mains et appuie dessus projetant sur mes frites ma précieuse sauce rouge-brun dans un prrrreeut sonore et dégueulasse. Ils parlaient de squeezer le tube de ketchup, ces cochons, ce tube inanimé depuis deux minutes au moins dans ma main fatiguée. Fatigué. Je suis fatigué par les langues étrangères et par leur accent à couper au couteau. Ma vie est pas assez casse-couille avec tous ces mecs de droite qui dirigent dans le monde et toutes ces filles qui font des manières avant de me sucer pour qu'en plus je me paie une bande de génie du tour du monde qui viennent m'expliquer comment me servir du ketchup que d'ailleurs je paie et qu'ils vident dans une suite sans fin de preut et proou et de pahhaar des fois. Je les aime par moments mais on passe surtout notre temps à pas se comprendre et à tenir des conversation approximatives où j'invente des mots sans m'en rendre compte. Ils répondent comme si de rien n'était mais j'understand nothing en retour parce qu'ils bousillent chaque putain de son avec leurs bouches trop pleine de dents à croire qu'au Pakistan, en Hongrie ou d'où qu'ils viennent ces salauds là, on leur aligne à tous les dents comme des petits soldats coréens.