dimanche 30 août 2009

Poésie numéro deux mille

Coincé dans cette lecture publique et collective de la revue Po(é)sieVingtetUnième, j'écoute un type qui s'appelle Luc:
"Arrache toi de là au plus criss,
au plus pressé,
bouge tes grosses fesses celluliteuses de notre parc.
T'es pas des nôtres,
ta barbe dénote
d'un esprit criminel, qui es tu?"
Je quitte Paris bientôt, du coup je fais l'auteur jusqu'au bout. Une seule fille est potable dan
Puis on parle de francophonie. J'essaie de gratter des mini-pizzas et des trucs de rillettes mais c'est coton parce que Luc m'accroche la jambe.
"T'as detesté hein? J'ai vu que t'as détesté, ta fausse indifférence, tes regards dans le vide... Mais je peux comprendre, j'aime provoquer ce genre de (ré)action, j'aime (pro)voquer. Inciter à l'attaque c'est ma vie, provoquer c'est faire naître, c'est Vocare, appeler, et c'est Pro, devant, c'est faire venir, c'est l'action, le faire, la poïésis presque, ma poésie. Je l'ai bien vu que ça t'as touché, je travaille que sur ça, en (dé)faisant l'imaginaire pop que je (re)(com)pose, que je dé(com)pose. J'ai vu que ça t'as troublé et je vois que ça te trouble encore, et ça, ça, connaissant bien ton travail, ça me rassure. Parce que c'est une piste.
- Groumpch Fronch ouais ouais surement ouais groumpf crounch"

jeudi 27 août 2009

Copain d'avant

En juillet j'ai retrouvé, après beaucoup de recherches, une fille qui voulait sortir avec moi en cinquième et que j'avais giflé ne sachant pas comment je devais réagir. Elle est devenue intelligente et a un joli boule même si je me méfie de son jean un poil trop taille haute à mon goût. On a longuement discuté de l'échec relatif de notre jeunesse, on détestait tous les deux cette idée d'un temps pour la déconne et le sexe facile, on était obsédés par la façon de prolonger l'adolescence jusqu'à la mort, au point de ne jamais en vivre les parties sexuellement cools. J'ai jamais pu et je pourrais plus jamais, sauf revival hippie, baiser des meufs de 15 ans. Au moment où j'ai prononcé cette dernière phrase, la fille a laissé un blanc, pour voir si un rire allait arriver de chez elle ou de chez moi, mais finalement, là, la fille que j'avais retrouvé en juillet après beaucoup de recherches m'a dit "connard" et a quitté la salle.

mercredi 26 août 2009

le spectateur

Dans le public un type finit par se lever.
"- C'est quoi ces conneries? On a payé pour cette merde? Et vous appelez ça du théâtre? Quelle chiase!"
Le reste du public murmure puis une vague de chut commence et un type se lève pour rassoir le bavard. Une femme gueule alors "mais laissez, il fait partie de la pièce". Sa voisine doute. D'autres gens doutent. Le murmure gonfle pendant que le type joue mal l'indignation. "Casse toi alors, pauv'con" envoie un marseillais ou approchant, des gens rient, d'autres essaient de voir si la pièce continue et disent chut. Les acteurs sur scène jouent des choses sans intêret, visiblement le type du public fait partie de la troupe, un des acteur s'indigne en surjouant d'un coup sec: "Monsieur laissez nous faire notre travail" "Vous appelez ça un travail?" "Vous vous croyez capable de faire mieux?" et là le spectacteur vient sur scène à grands pas qui sonnent faux et il monte, il arrache le chapeau d'un acteur et se lance dans une tirade tout aussi mal jouée que le reste. Environ 60% des gens applaudissent mais à tout rompre. Ce spectacle est aussi décevant que prévu, en même temps on est dans un camping languedocien donc faut pas en demander trop.

Un résumé, un ramassé, un concentré

Je je je je, tout à l'air de tourner autour de moi dans ce bouquin mais absolument pas, bordel même. C'est un résume d'anecdotes plus ou moins possibles, y'en a des Thomas, des Arnaud des Matthieu et des Julien dans ce fatras, mais évidemment, aveugles que vous êtes vous en voyez rien. Beat the clock disent les Sparks dans ma stéréo, ils ont raison, je dois finir ce truc avant d'avoir faim et l'apétit vient en mangeant et, à part Hitler, la sagesse populaire nous a toujours donné le meilleur, il faut l'écouter coûte que coûte et accelerer la productivité. Alors je mets des je, j'enlève l'histoire, j'enlève les dialogues, j'enlève les cohérences, de toutes façons qui lit encore pour le contenu? Je ferais une belle couverture et un bon pitch: Le roman d'une génération sacrifiée/perdue/affamée. Incroyable témoignage d'un enfant du siècle, Des Colonels (titre non définitif) nous prend aux tripes/à la gorge/par les sentiments et nous emmène de l'autre côté de la vie, celui qu'on ne voit jamais dans les livres, celui des petits échecs quotidiens et des grandes désillusions. Dans un rythme éprouvant/rare/terriblement pop, Pipépop, l'auteur nous met face à face avec le monstre/le héros/le mythe absolu chié par l'ère des filles en pixels, de l'alcool productif et de la fin de l'histoire. Une claque/un livre/du temps perdu.

Révolution de ma chatte

Les manifestants crient "Liberté, liberté et liberté" pendant que Julie essaie de négocier de la beuh à son dealer. Le gars est déjà défoncé parce que c'est les occupations de bâtiments c'est avant tout une histoire de défonce sans fin. L'adrénaline des CRS permet juste de reprendre ses esprits avant de re-attaquer la bibine. Je l'abandonne avec son zombie et m'approche de la camionette CGT, depuis toujours ma préférée. Les types boivent des grosses Kros sur fond de Raggaeton, le DJ est assis sur une chaise de jardin fixée avec des vis à l'arrière. Depuis que j'ai 14 ans je marche entouré de gens qui expliquent que tel ou tel gars est foutu parce que la jeunesse est dans la rue et/ou que tel ou tel ministre, ta réforme, si tu savais, ta réforme où on se la mets. Aucune hésitation, c'est la révolution, depuis au moins 40 ans c'est la révolution, une révolution qui aboutit à de la kronenbourg et des bédos. Ça coince à un moment. Julie me rejoint, elle a obtenu un bon prix en faisant croire au mec qu'elle viendrait occuper ce soir l'antichambre du bureau du président de l'université. Les gars sont en chien, les deux-trois nanas qui d'habitude sont oks pour baiser, cf. moral des troupes ont décidé de devenir de droite cf. balance du pouvoir. C'est la dêche, du coup, les dealeurs du mouvement sont prêts à diminuer leurs bénéfices pour qu'ensemble on tienne tous le coup. J'avais essayé, je lui dis à Julie, j'avais essayé de rejoindre des types qui voulaient pas faire que des manifs, des types qui voulaient attaquer les responsables directement, qui voulaient trouver des alternatives aux défilés Sean Paul/Chips. Mais à la deuxième réunion, j'ai pigé que ces bonhommes voulaient quand même que ça se sache qu'ils luttaient, qu'ils voulaient quand même choper une nana ou deux dans l'affaire, ou parler à une tribune, ce qui souvent exprime le même désir. J'avais des problèmes de chattes à l'époque mais je suis parti à la fin de la deuxième réunion en promettant que la prochaine fois je m'occuperai d'acheter le pack de Koenigsbier, juré les mecs, juré les camarades. J'ai appris qu'ils avaient fini par faire une manif non autorisée avec un peu de casse de magasins style Zara et MacDonald et que six d'entres eux avaient été en garde à vue. Du coup, ils se sont retirés de Facebook, pour pas être surveillés par les R.G., malins. Je regrette juste parce qu'ils ont fini par baiser des nanas du mouvement ces mecs alors que moi je m'étais rabattu sur les filles accaparées par leur carrière professionnelle. Julie se retourne vers moi et me demande ce qu'on fait après. J'ai entendu parler d'un vernissage je lui dis, une fille qui détourne les codes du porno pour parler de la condition féminine, y'aura du cul, du vin et des pizzas végétariennes gratos, ça va être sympa aussi.

mardi 25 août 2009

Pénis vs. révolution

Incroyable profusion de sens maintenant. Je parle à cette fille, une fois n'est pas coutume, et à force de blablater pour pas que mes dents se collent parce qu'on sait très bien ce qui se passe quand les dents se collent, je finis par développer un discours cohérent. Ma haine insensé contre la pensée libérale finit par s'ancrer dans quelque chose de profond, je parle en m'avançant sur la table et cette fille se tait. Et un type à notre droite écoute et quand sa nana revient des chiottes il lui fait signe de m'écouter. Je parle de Demolition Man et de Lacan, je cite Hegel et je commande une autre bière en montrant mon verre vide en un regard à la serveuse au pull rayé ; je sue un peu et je postillonne beaucoup. "La vraie question" je dis, "la vraie question c'est la construction de la nature libérale", deux minutes plus tard je dis "mais c'est ça qui fait le cœur d'une vraie pensée esthétique, la vraie question c'est le choix politique" et puis "la vraie question elle est linguistique" et puis je finis par rouler des pelles à cette fille et aujourd'hui ma page est blanche, mes mots dissyllabiques sauf celui-ci et j'ai une demi-érection de souvenir parce que cette fille était incroyablement roulée.

Quartier ethnique

De toutes façons tout le quartier est mexicain ici, ça explique les trucs en papier mâché et cette odeur persistante de tacos.

samedi 8 août 2009

Tour de contrôle

Message à tous les aéronefs: "on rentre au bercail, maman a fait des pâtes". Le pilote se dit merde, il faut remettre la mission à demain c'est le code, c'est la crise. Le copilote écrit un bouquin sur la crise justement, il se dit chouette et rajoute les guillemets après: "". Trop conceptuel ce truc. J'ai mal au crâne. Les gens ne comprendront jamais. Le pilote, le copilote, les lecteurs et l'auteur sont heureux de vous convier au mariage de leurs enfants Mal de crâne et Disque rayé. Au fond pourquoi payer pour un disque s'il se bloque sur un segment d'une minute, je paierai une minute. Le pilote tourne, il vire de bord on dit, le copilote écrit une phrase dans son carnet, les passagers sont déboussolés, la musique tourne en rond, seulement six notes bordel, quand c'est qu'on avance.