mercredi 29 avril 2009

Mon CV

À 19 ans j'étais un Artiste. La seule expo que j'ai faite c'était un truc collectif. Ça aurait pu vraiment être magique, genre nouvelle école, cf. Respect. Mais tout a foiré parce qu'on avait laissé des hippies de merde à l'organisation, parce qu'on voulait rien organiser, rien suer, parce qu'on préférait boire des bières en essayant de se choper avec les autres Artistes dont des meufs dont une avec des nichons hallucinants. Du type qui te causent des soucis de santé à 27 ans mais qui te transforme en ruche à bite à 20. Elle avait 20. Je l'ai pas chopée mais je lui ai tripoté un max ses nichons et ben ça m'a bien plu. Notre credo à deux-trois c'était de faire des moules de choses et de remplir une pièce de ça. Moi j'avais opté pour des pigeons en train de baiser. Très galère à trouver. En fait j'avais reconstitué avec un pigeon mort et un empaillé. C'était vraiment dégueulasse. Quand on est venu installer on a été atterrés par les trucs des hippies, c'était plein de photos retravaillées sur photoshop et d'installation vidéo numériques pourries qui parlaient de l'identité et des nouvelles technologies. Alors pendant le vernissage ça a été pas mal un scandale, on a essayé de décrocher leurs trucs et mon amie Catherine s'est pris un pain dans la tronche et la bière était dégueu parce que bio-équitable et on s'est poché la gueule quand même mais en faisant la grimace. Après j'ai arrêté l'art et j'ai voulu faire du droit.

Des hauts plafonds

L'amie est dans un canapé géant, un canapé sur mesure pour son appartement qui a des très hauts plafonds. Elle écoute de la pop avec des synthés et a constamment à côté d'elle un petit synthé sur lequel elle rajoute des solos qui ne sont pas sur les morceaux originaux. Ça la détend, c'est agréable. La plupart des solos en fait ce sont des choses faciles à faire, il suffit de s'entrainer beaucoup et on pige quelles touches marchent avec quelles touches et après ils suffit de pianoter et c'est bon. Je viens prendre conseil, je la regarde gravement et je lui demande:
"- Est ce que je dois partir?
- Oui tu le dois"
Je lui dis que je pige sa réponse et après on parle de choses et d'autres, de garçons notamment. Ma meilleure amie aime les garçons, elle et moi on s'est tripotés une fois quand elle vivait au Royaume Uni, j'étais allé la voir pour visiter mais tu parles Charles j'ai surtout visité sa chatte. C'était sympa. Mais là elle est tannée des garçons parce qu'ils commencent à devenir des hommes avec du travail, des bagnoles, puis des horaires et des projets. Elle ça l'emmerde. Les autres, ceux des garçons de 25 ans qui sont pas comme ça, sont des drogués ou des losers qui foutent rien et les plus jeunes sont trop jeunes et ils veulent des meufs avec des culs fermes et des peaux impeccables.
"- C'est con, je lui dis, c'est con parce que ta peau est vraiment impeccable
- Je sais bien, qu'elle me répond du tac au tac, je sais bien mais c'est comme si ça se voyait pas
- C'est parce que tu passes trop de temps en intérieur
- Tu crois?
- Ben oui t'es blanche/jaune, il faut sortir plus
- Je peux venir avec toi si tu vas dans le sud?
- Ouais tu peux
- Ah ben c'est chouette".
J'ai convenu avec elle de venir la chercher au moment de mon départ et dans le même temps j'ai pas convenu du moment de mon départ.

Patrick pas partir

Partir pas partir c'est le dilemme. Je vais chez mon ex qui est aussi ma meilleure amie, elle a eu pendant longtemps des sacrés troubles de la personnalité alors elle est vraiment drôle. Des fois ses yeux sont bovins et ça me fait marrer mais on sent qu'une partie d'elle souffre à cause de ça. C'est en partie les médocs qui l'ont tuée comme ça, des trucs pour qu'elle garde les pieds sur terre. Mais c'est qu'en partie. L'autre partie c'est les gens qui lui disaient qu'elle était tarée. Elle l'était vraiment mais du coup ça la fait douter sur ce qu'elle dit ou fait au quotidien. Ça se comprend mais c'est handicapant. J'avais un ami qui était un peu comme ça au lycée, mais lui c'était une affaire de politique. Il était "original" sur ce point là, c'était une sorte de républicain extrême du genre qui disait qu'il faudrait bien un jour les défoncer ces putains de libéraux. On s'entendait souvent sur plein de choses. Mais petit à petit il a arrêté de parler politique parce qu'il avait peur d'être pris pour un fasciste. Et puis après il a eu peur d'être devenu un fasciste. Il pouvait plus parler d'un sujet ou d'un autre sans expliquer pourquoi il n'était pas un fasciste et il citait toujours Emilio Gentile et ça devenait fou parce qu'il citait des passages entiers de ses livres et de livres d'autres dont j'ai oublié le nom et toujours pour expliquer qu'il n'était pas un fasciste. Alors pour déconner on lui disait des fois "alors t'es quoi? T'es un nazi c'est ça?" et ça le rendait malade. À force il s'est trouvé une passion pour les fringues, surtout des polos vintage et il a une boutique Fred Perry et consors maintenant avec sa meuf. Ma meilleure amie elle parle quand même, mais elle cite personne et des fois elle me demande si ce qu'elle dit veut dire quelque chose et je lui dis oui ou non selon les cas. Je vais la voir parce qu'elle est de bon conseil mais elle habite à mille milliards de kilomètres de chez moi, dans l'est, j'y vais en bus, c'est plus rapide. Je vais rarement dans l'est, c'est trop plein de chômeurs, je les aime pas.

Excommunication

"-Vous allez le payer quand alors votre loyer? qu'elle me demande la proprio, madame Tia ou Taï je sais jamais.
- Bah je peux vous faire un chèque mais j'ai pas assez sur mon compte alors il sera refusé. Vaut mieux pour vous et moi que vous attendiez un peu, je sais pas moi
- Vous savez pas hein...
- Je sais pas moi, quelques jours.
- Encore quelques jours hein? Vous savez que des jours et des jours ça fait des semaines?
- Mais c'est parce que
- Cépasque, cépasque vous en avez toujours vous des cépasque... Si c'est pas la faute du patron qui paye pas quand il faut, c'est la faute des crédits qui augmentent ou du chômage qui arrive pas ou de la société tiens, c'est la faute de la société pour vous toujours. Jamais vous hein, jamais c'est vous, jamais c'est parce que vous dépensez votre argent n'importe comment. Alors c'est la faute aux commerçants qui augmentent leurs prix. C'est la faute à EDF qui augmente les prix. C'est la faute au chômage. Vous travaillez vous actuellement?
- Non, je, j'ai démissionné
- Ah ben bonne idée bravo! C'est le moment de démissionner peut être? Je vois à la télé tous les jours ces gens qui font les poubelles pour se nourrir et vous, vous avez pas un centime pour votre loyer et vous laissez votre job. Et c'est la faute à la société, "cépasque la société" toujours ça.
- Dimanche. Vous aurez votre loyer dimanche. Vous pouvez me laisser maintenant?
- Dimanche y'a intérêt. Sinon vous foutez le camp. Et vous aurez qu'à envoyer une lettre à la société pour vous plaindre tiens!"

Ce type étant de droite

Arnaud, c'est drôle, je l'avais rencontré une première fois deux ans avant, à Paris, alors que je visitais une amie. C'était un ami d'ami d'un nouveau cercle qu'elle essayait de se créer. J'étais partagé. Ce type était visuellement de droite, notamment parce qu'il nous avait embarqué dans un rade chiant (les gens de droite ne savent pas rigoler), mais en même temps sa paire d'Alife préférée c'était les Pepsi et moi aussi, même si j'en ai jamais acheté à ma taille. J'étais resté sur cette impression mi-figue mi-raisin, ce qui signifie un truc peut être acide, trop acide je pense, mais j'aime pas les figues aussi. Donc je me suis dit "tiens c'est drôle" quand, par l'entremise d'un ami de mon éditeur, j'ai retrouvé ce type pour un plan de scénarisme. L'idée était de refourguer des trucs à Canal + pour une série télé de 6 épisodes. Canal + sont les mecs les plus ouverts sur les trucs un peu originaux en série, genre sans flic et sans naine ange gardien magicienne à deux balles. Lui, il m'a pas reconnu de suite quand je lui ai serré la main. Je déteste que les gens croient qu'ils ont fait une grosse impression sur moi quand c'est pas le cas, je suis juste très physionomiste bordel. Je n'ai aucune idée de comment ce type peut avoir eu le droit d'entrée pour scénariser un truc, il est nul. Je pense même être plus vendeur que lui, ça c'est parce que j'ai un meilleur branding facial. On fait un gros brainstorming pour voir ce qu'on peut refourguer comme idées. Il démarre avec des trucs à la con, en fait, notre première rencontre est un collier de trucs à la con. Et blablabla les coulisses du porno, et blablabla une mère de famille addict aux amphèts, et blablabla une famille qui est scindée en deux politiquement... Dès les premières minutes je décide d'une stratégie dite de la porte ouverte à la queue de poisson: je donne des idées de merde de son niveau en faisant mine de m'intéresser aux siennes et dans le même temps, je me renseigne pour savoir si je peux le doubler. Après ce verre, Arnaud est content comme tout, on est vraiment sur la même longueur d'onde et on va bien travailler ensemble et on va réfléchir à tout ça et lui il va officialiser notre entente et créer un truc pour qu'on soit légalement liés et tout et faudra peut être penser à un nom de boîte de prod'. Je dis très bien. Durant la semaine qui sépare le prochain rendez vous, je fais des pieds et des mains pour me libérer du boulet mais ouïlle, c'est sur son nom qu'on lui a proposé des trucs, probablement une histoire de papa quelque part. Mon éditeur me prévient que le doubler c'est me griller. Ma meuf me dit qu'elle me quitte. Ça n'a pas de rapport je sais mais ça arrive à ce moment là donc faut bien que je le note. D'après mon éditeur, ce type est indélogeable, il a un peu écrit pour des téléfilms et des trucs à la con, son papa a fait genre producteur de Navarro et il est clairement bankable et c'est ça le plus important pour qu'un projet avance. Et il sait négocier des trucs et rédiger des contrats et empêcher les scénaristes de se faire enculer. Et c'est probablement ma seule chance de ramasser de la caillasse. Et je le juge mal. Le deuxième rendez vous se précise, et là je décide d'une stratégie ouverture des portes, protection solaire. Ça me fait bien marrer. On discute un peu à droite à gauche et j'attaque pour être sûr sûr sûr sûr que ce gars va pas me voler mes idées brillantes, parce qu'évidemment, j'en ai des idées brillantes. Le type me sort des papiers en veux-tu en voilà, je signe, je paraphe, je lis, je relis, je commente, on reprend des tariquets. Bientôt arrive le moment du brainstorming, j'ai pas réfléchis une seconde à toutes les idées de merde de la semaine dernière alors dès la première phrase je l'embarque vers ma dernière folie, un truc vraiment balèze, l'histoire d'un écrivain qui écrit sur un personnage qui devient réel et qui devient son coloc et qui écrit une histoire qui devient réelle et dont les personnages deviennent ses colocs et qui eux même écrivent et tout ça s'ajoute dans un feu d'artifice fou et bientôt y'a des gens partout dans l'appart et on doit lutter pour suivre l'histoire du premier mec qui en fait est vraiment la plus intéressante et je suppose qu'à la fin le type peut s'évader de ce truc et si ça marche, on peut imaginer une saison deux où le type essaie d'éviter tous les gens qu'il a créé directement ou indirectement et qui se plaignent sans cesse parce que les gens en général, et les personnages de fiction en particulier, ne savent que faire ça: se plaindre, encore et encore. Arnaud a finit son verre de Tariquet plus vite que moi, il est immobile et ses yeux brillent. Ce type étant de droite, il aime l'argent et l'audace (ce sont les seules qualités des gens de droite, avec cette propension à pouvoir faire du sexe dégueulasse qui me fascine) et il aime mon truc ça se voit. Je lui propose de ne pas tenter de m'embrouiller niveau argent, niveau contrat, niveau contrôle, niveau rien. Je lui propose de me laisser faire le cadre et qu'on bosse ensuite pour que tout marche comme sur des roulettes, je lui confie que souvent la psychologie des personnages je m'en fous et que je préfère les répliques bien senties, je lui confie que les histoires de format à respecter c'est pas mon fort aussi, je lui confie que je compte lui refiler tout ce que j'aime pas et qu'il se démerde avec parce que cette idée peut être folle et qu'il est hors de question qu'on ait des acteurs à la con, genre Smaïn dans cette série. J'aimais Smaïn, notamment dans le film avec Pierre Richard et cette histoire de coiffeur et de milliardaire, mais c'est pas une raison pour qu'il joue dans notre série. Arnaud est encore pas mal immobile, l'argent coule le long de ses joues, il me garantit que Smaïn ne jouera pas et on commence à vraiment écrire le truc.

La barbe

Je me rase moins depuis que j'ai appris que le poil repousse, l'idée de me raser encore et encore m'ennuie. Pareil pour la vaisselle, je préfère mettre tout directement dans des sac poubelles et acheter mes ustensiles en gros. Je le dis pas à ma mère elle m'engueulerait. Mais faire la vaisselle chaque jour, merde. Et le coup du lave vaisselle c'est la même, faut remplir et vider le bordel, ça te permet juste de souffler un peu mais c'est pas suffisant. Je veux pas qu'on m'emmerde en fait, c'est la clef. Je fais une parenthèse dans le quotidien. Je l'ai dit l'autre jour à mes vieux amis dans notre vieux bar de notre vieille adolescence. Les mecs étaient entre doute et désaccord, mais en gros on s'est bien marrés. J'essaie de pas trop parler de moi dans les moments de retrouvailles entre amis, parce que souvent je parle de moi. Je démarre une phrase sur deux par "moi je" et quelque soit le sujet, j'ai toujours une anecdote là dessus. En anglais, pour une raison que j'ignore, mes anecdotes démarrent généralement par "when I was young". Je pense être plus vieux en anglais qu'en français. Et alors ce qui est surprenant avec cette histoire de moins se raser c'est que je ramasse des gonzesses. C'est un classique ça, elles aiment les types négligés, les types qui répondent "à quoi bon" n'importe où. À quoi bon se raser? À quoi bon faire la vaisselle? À quoi bon travailler? Les mecs qui souffrent et qui luttent ils sont chiants, ils se lèvent le matin, il dise "tu ferais mieux de pas fumer" ou "même à vélo un casque peut te sauver la vie, surtout en vélo même". Alors que non. Ça peut pas te sauver la vie. Un pompier peut. L'ami Baptiste peut (parce qu'il est courageux et loyal). Mais un casque de vélo non. Ça peut amoindrir tes blessures en cas de choc. Mais ça empêchera pas les chocs, avoir un casque empêche pas les accidents, empêche pas les blessures, empêche pas les morts. Mais c'est moins bandant que de dire qu'on sera sauvés c'est vrai. Mais cette histoire de se raser moins ça a des répercussions folles, parce que je commence à ressembler de plus en plus à un logo et ça me pousse vers l'avant, vers l'éditeur, parce que je pense qu'il est fini le temps de l'écrivain secret, je pense qu'il faut brander l'écrivain, enfin, ça fait un bail qu'il y a des écrivains brandés mais ça devient n'importe quoi de pas mettre son physique au service de son art. J'ai envoyé une lettre sur le sujet à plein de gens, mais ces types ne me répondent jamais.

vendredi 24 avril 2009

LOL

satine3434 a écrit :

il faut laver les oreillers et traverrsins synthetiques regulièrement, car on transpire beaucoup de la tete (vous avez qu'à voir les taches jaunatres :d)
En machine à 40°.


C'est pas mal pour oter les crottes d'acariens.
Penser aux acariens, aussi....


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Accro au cannabis depuis l'age de deux ans, puis àl'héroïne vers cinq ans [:calou777]; je sors de ma dixième cure de désintox.A 65 ans, je commence à m'en sortir, ma consommation de drogues ne se résumant qu'à un litre de rhum et trois paquets de cigarettes journaliers.
Malgré mon cancer du poumon [:akemi]et le sida, j'ai encore quelques mois à vivre et je compte en profiter. [:adelouce]
Je suis ménopausée depuis le début de l'année et je peux enfin arrêter la pilule.
[:axian56]

mardi 14 avril 2009

Kretchrup

Mes colocs parlent et parlent, on est autour de la table et j'entrave que dalle, ils disent "Jyou Just havje too sqweegee" et je dis "I beg you pardon?" et il disent "DJJJust sqweegee, sgweegee lakjat" et Mark m'attrape le ketchup des mains et appuie dessus projetant sur mes frites ma précieuse sauce rouge-brun dans un prrrreeut sonore et dégueulasse. Ils parlaient de squeezer le tube de ketchup, ces cochons, ce tube inanimé depuis deux minutes au moins dans ma main fatiguée. Fatigué. Je suis fatigué par les langues étrangères et par leur accent à couper au couteau. Ma vie est pas assez casse-couille avec tous ces mecs de droite qui dirigent dans le monde et toutes ces filles qui font des manières avant de me sucer pour qu'en plus je me paie une bande de génie du tour du monde qui viennent m'expliquer comment me servir du ketchup que d'ailleurs je paie et qu'ils vident dans une suite sans fin de preut et proou et de pahhaar des fois. Je les aime par moments mais on passe surtout notre temps à pas se comprendre et à tenir des conversation approximatives où j'invente des mots sans m'en rendre compte. Ils répondent comme si de rien n'était mais j'understand nothing en retour parce qu'ils bousillent chaque putain de son avec leurs bouches trop pleine de dents à croire qu'au Pakistan, en Hongrie ou d'où qu'ils viennent ces salauds là, on leur aligne à tous les dents comme des petits soldats coréens.

lundi 13 avril 2009

Le mariage des petits chats

Les trois chats de ma voisine sont maintenant dans ma chambre, c'est un kidnapping mais ils chiaient devant ma fenêtre, j'étais élu. Alors je pense à les marier mais ils sont trois alors je me retrouve emmerdé. Ils sont méfiants. Je les baptise. Avec de l'eau même, parce que j'ai toujours un verre à côté de mon lit, j'ai souvent soif la nuit et puis c'est une attention que toutes les filles aiment même si je suis pas une fille et qu'il n'y a pas de fille dans ma chambre, juste des chats, même pas ma voisine. Je les baptise Friskies pour celui qui ressemble au chat de la pub Friskies, Tanker pour le gros gris avec des reflets roux qui ressemblent à de la vieille rouille et Petit Chat Animal De Compagnie pour le troisième parce que l'inspiration me manquait. J'en profite aussi pour vérifier leur sexe et je suis aussi humilié qu'eux à faire ça mais je veux pas marier des gars entre eux parce que je pense que gars + gars = homosexualité. Deux chattes et un chat. Friskies et Tanker deviennent Sale Pute et Chatte À La Con puis Minette et Mistinguette quand je me rappelle que je ne suis pas mysogine puis Loukoum et Thé à la menthe parce que j'aime rire aux dépends des animaux. Finalement je décide de faire de Loukoum une vieille fille/vieille chatte. J'attends la nuit en bricolant des boites à chaussures pour pouvoir aller les marier dans la montagne. Je decoupe aussi la toile de mon parapluie blanc pour en faire une robe, Petit Chat Animal De Compagnie n'aura pas de smoking mais on s'en fout, c'est un chat. Je fous tout ce monde dans les boites et toutes les boites sur mon vélo, je ficelles et on part, tous les quatre, vers la montagne et finalement ils sont lourds et j'ai très mal aux jambes. Je pense que marier des chats est une activité saine pour un lundi soir, plus saine que par exemple se branler ou regarder des émissions de télé ou boire. Je bois bien assez le reste de la semaine bordel. Une fois là haut je les "relache" puis les "attache" avec deux cordes, proches pour les mariés et un peu plus lâche pour Loukoum qui sera témoin/public. Je serai curé parce que j'ai une soutane. Je fais un discours assez court parce qu'ils essaient de se débattre et que par moments ils partent dans la même direction et c'est dur de parler en les suivant d'autant que j'improvise (même si j'ai beaucoup réfléchis sur le trajet en pédalant). C'est assez émouvant et je pense qu'ils comprennent ça aussi. Thé à la menthe devient Thé à la menthe De Compagnie et Loukoum semble maintenant un peu triste et célibataire alors je la console un peu et elle ronronne et Petit Chat Animal de Compagnie réussit à se barrer et c'est coton pour le rattraper gardant les autres en vue. Je rentre chez moi vers 4h30, je croise des étudiants bourrés qui commencent à vouloir me parler quand ils entendent mes boites de Pumps couiner et gratter. La fin de la nuit est cahotique, d'abord parce que Thé à la menthe et Petit Chat Animal De Compagnie ne semblent pas si proches que ça, ensuite parce qu'ils ont décidé de beaucoup pisser. Finalement je sors avec Loukoum pour les laisser consommer et je me demande si finalement Petit Chat Animal De Compagnie est pas une tafiole. Je m'endors sur le canapé du salon et au réveil ma coloc me dit qu'elle a rendu les chats à la voisine qui était furax et que y'avait de la merde dans la salle de bains et qu'il fallait que j'arrête mes conneries et je lui rappelle qu'elle m'aime en secret et que tout ce qu'elle fait/dit est juste un prétexte pour essayer de capter mon attention et je me rendors. On est mardi.

Je ne crois pas en la poésie

Dans le bureau de mon éditeur on est trois. Y'a moi, mon éditeur et son amie Florence qui travaillent à France 3. On parle de poésie, parce que mon éditeur veut que je sois un poète parce que je suis super fort il me dit. La Florence elle fait pas que France 3, elle est aussi dans la Culture et elle veut participer à ce projet. "Quel projet?" je demande. Et ils m'expliquent des trucs sur un ouvrage collectif et puis un événement et puis surtout un manifeste. Comme ça on viendra en groupe et on pourra être plus visibles. Je demande les noms des autres et je suis pas déçu, surtout parce que je les connais pas. Je connais rien au monde littéraire moi, je leur dis ça mais ils me disent "ahahah, t'es vraiment un sacré type toi, un sacré iconoclaste". Mais merde je leur gueule, merde avec un point d'exclamation à la fin même! Je suis pas sûr que je veux, et je veux pas être dans un groupe parce que je saurais pas quoi dire, j'écris parce que je veux pas travailler moi, pas pour être dans un groupe et écrire des manifeste. Après un café je me calme et ils m'expliquent que j'aurais qu'à le signer et que j'aurais pas à trop participer mais c'est dommage parce que j'ai vraiment une gueule et puis je suis un sacré type moi, un iconoclaste. Reste ce que je dois pondre. Pas trop trash ils me disent. Pas trop classique genre vers/rimes. Je dois être moderne. J'ai un flash à ce moment là, je leur dis "Est ce que je pourrais dire que je suis dans la tradition de la peinture figurative, est ce que je pourrais invoquer Velasquez et Manet et Degas?". Là ils sont éberlués un peu et puis Florence dis "Oui, enfin, oui oui". Et je rajoute "Et Jeff Wall?". "Oui, enfin, oui oui". "Alors c'est entendu". Ils sont bien feintés les cochons. "Mais ça donnerait quoi, parce que là je vois pas trop, ça serait comme ce que tu fais d'habitude?" "En pas trop trash?". Oui oui je leur réponds, ça serait peintre la vie moderne voilà, avec des mots qui font des images qui sont la vie avec moi dedans un peu mais surtout la vie. Comme si j'écrivais
C'est le filtre
De mon temps perdu
Ça s'effile et
Je m'enfile des perles brutes
Une par une
Plop par heure
Que me disent les gros chiffres rouges
De mon cadran qui bipe
Bip par heure
Plop par bip
Jusqu'au bout du collier
Jusqu'à la prochaine journée.
Florence se demande à haute voix si c'est pas trop trash, Mon Éditeur lui repète encore un "Ah ce type est formidable! Il est formidable! Ça t'arrive comme ça alors? Écoute c'est formidable!". Et moi je dis oui et j'espère que je serais bien payé pour ça.

Emma est bruyante

Emma est une fille super bruyante et le comble, comme d'hab', c'est qu'elle peste contre tous ceux qui se permettent de vivre dans sa cuisine le matin. Elle se lève qu'à midi, jamais avant. Mais vraiment jamais. Mais attention, dès qu'elle est debout tu l'entends. Elle m'a reveillé en débarquant chez elle à 3h passablement bourrée. Je l'attendais dans son lit au début en lisant Le Désespéré de Bloy. Je l'attends toujours. Je l'ai attendu un après midi en lisant Céline sur mon fauteuil qui donne sur la rue. Je l'ai attendue plusieurs soirs en regardant du hockey au MacDo du coin de rue. Je l'ai attendue pour petit déjeuner plein de fois, parce que j'oublie toujours qu'elle ne sait pas se lever avant midi. Je l'ai attendue dans son lit en finissant un schéma sur le critique musical comme filtre. Bref, je l'attendais en lisant Bloy et je l'ai tracée dans son appart. D'abord la porte d'entrée qui tape sur le mur, puis ses chaussures qui volent, ses clés avec lesquelles elle joue et qui échouent sur une table basse en verre renversant au passage un bouquin qui trainait là. Puis elle fouille dans le frigo, tente un peu de vaisselle, chausse un truc au micro-onde en chantonnant, puis en chantant, puis les messages du répondeur, puis "Salut mon coeur t'es là?". Ses colocataires la haïssent mais elle paie deux fois et demi plus cher alors ils ferment leur gueule. Depuis qu'elle sait qu'elle paie plus (une sombre histoire de surface utilisée et de sous-location) elle fait plus de bruit. Et elle prend plus d'espace en laissant des fringues sales partout et des cannettes. Je me sens inutile quand je l'attends, je sais pas pourquoi je l'attends d'ailleurs, je ferais mieux de repartir mais la merde c'est que j'ai plus assez d'argent. J'ai loué ma chambre à des espagnols pour me refaire. "Salut mon coeur" qu'elle me redit en entrant dans la chambre, déjà moitié à poil et avec une assiette de patates fumantes dans la main. "Salut bébé" que je lui réponds.

Station Service

Le charme est facile pour une station service des années 60 prise en polaroïd. Si possible avec la famille de tenanciers devant et le cousin qui fait des hot dogs sur le parking à côté du premier lavauto du coin. Lavauto c'est une contraction de laver, d'automobile et d'automatique, un mot qu'on pourrait plus créer aujourd'hui tellement les mecs des stations services embauchent plus de gens créatifs pour s'occuper de leur came. Le temps passe et le gasoil fait plus rêver, c'est cher et puis ça pollue et on va tous crever. Parlez moi de liberté, de futur et d'air conditionné bordel, laissez pas les punks gagner! La station est neuve, trop éclairée par du néon rouge et des halogènes blancs. Ça doit être triste de dessiner une station service. Elle est coincée dans un ensemble de vieux bâtiments, surement des anciennes usines de papier maintenant devenu le siège d'un studio de jeux vidéos pour cellulaire. Derrière des vitres taguées à la clé, ils vendent de la bière puis des chips, puis du gasoil. Tout ce qu'il me faut. Le type a un bouc mais je lui pardonne, son boulot et sa vie semble aussi moches que son physique. Comme le dit le Coran, l'apparence est le reflet de l'âme. Le Coran est une bonne source de misanthropie vu le nombre de gens moches que je croise sur ma route nationale. Ce mec lit un truc de programme télé et attends. Quand j'étais petit, des fois on allait voir nos cousins qui habitent loin. Ils avaient un bar familial, enfin un bar-resto quoi. On avait des cocas et des chips à volonté qu'on pouvait prendre directement dans un étal derrière le comptoir mais qu'on préférait demander à José et Raffa qui bossaient là. Et à un vieux type chauve et gros que j'ai jamais revu quand ça a fermé. La station service n'a aucune vie, je veux dire aucun gosse ne trainera ici et si un José y bosse il sera moche. Notre José lui il était plutôt beau gosse et il faisait les pires blagues possibles, avec des homosexuels et des putes. Le plein est de plus en plus cher putain.

Guadalajara

À un moment je disais à la cantonade que je finirai par vivre au Mexique, à Guadalajara même, parce que j'avais lu sur un blog que la vie était pas chère, genre 400$ US par mois et que j'avais lu sur Wikipédia que "Guadalajara hosts an important community of artists and people interested in art and culture". Moi j'aime ça les arts and culture. Alors je disais que je m'en fous et que j'irais au Mexique si on continuait à vouloir me faire bosser. Mais bon, en regardant les prix sur Craiglist pour des apparts puis des bagnoles je me suis rendu compte qu'en fait le gars du blog qui parlait de 400$ par mois se foutait sec de ma gueule. Un bel enculé, un bon coup dans l'eau.

dimanche 12 avril 2009

Le stress

"- Toi au fond tu connais pas ça, le stress. T'es un écrivain. C'est ça hein, t'es un écrivain? T'as pas cette dimension d'être utile, enfin, utile dans l'instant dans ta vie. C'est être attendu qui fait le stress. Et je me plains mais j'aime ça. Le stress c'est comme une drogue par moments, quand je suis dans un rush j'ai peur, normal, mais j'existe aussi, plus que jamais. Mais toi c'est même pas travailler en freelance, t'es plus comme, enfin je veux dire, t'es un artiste, t'as pas ce stress, tu peux t'en remettre qu'à toi même. T'as pas un patron au dessus de toi, t'as pas des collègues sur ton projet, en fait le stress il existe que quand on est dans un système de dépendance sociale. Tu vois? C'est parce que ce que je fais à l'agence implique du monde que je dois le faire à temps et le mieux possible, le mieux pour tous. C'est le compromis qui fait le stress. C'est de devoir gérer les attentes de tout le monde, et puis c'est de prouver que t'es important. T'as pas ça toi, tu écris seul. Moi je dois tout le temps prouver que je sers à quelque chose et que ce que je fais sert à quelque chose. Je dois être utile. C'est stressant. Des fois, il m'arrive d'éprouver une sorte de tristesse pour les objets qui prennent la poussière. Chez ma mère, je m'assois toujours sur la même chaise de la cuisine, ma mère vit seule et elle a trois chaises, une pour les gens qui viennent la voir et une autre qui prend la poussière. Je m'assois toujours dessus. Je sais plus où je voulais en venir, mais si je déconne, si je tiens pas les délais, je fous tout le monde dans la merde. Si je me fais engueuler, tout le monde se fait d'une façon ou d'une autre engueulé. C'est de là qu'il vient le stress. Pareil quand j'étudiais, je voulais pas décevoir mes parents, je voulais pas faire perdre leur temps à mes profs, je voulais pas que mes amis me prennent pour un type inutile, un type qui s'en fout. Mais toi ton travail c'est pas pareil. C'est mieux peut être... Je sais pas en fait... C'est mieux?
- De?
- De travailler seul, sans que personne attende vraiment ta production, tu vois j'aimerais connaitre ça un jour, connaitre le moment où tu te dis "que je finisse ça ou pas, ça changera rien, personne sera engueulé, personne sera viré, les choses vont continuer".
- Ah?
- Ouais. Tu dois être plus libre. Ouais, c'est vachement plus libre comme position sociale ça."

Regrets

Je regrette des choses par moments, je regrette mon inactivité souvent, mais ce sont toujours des sentiments passagers. Glander fonctionne comme une maladie auto-immune, dès que je pense à faire quelque chose de ma vie, selon l'expression consacrée, la glande se lance et j'arrive à prouver et à me prouver qu'il vaut mieux que je mange des chips devant cette télé. Mais il reste des points qui me poussent à me sentir en échec. Notamment le fait que j'ai toujours pas de grosse bagnole. C'est un manque, enfin je pense. La clé c'est qu'il est hors de question que je sue pour l'avoir cette voiture, or, comme je le dis souvent, il faut suer pour pouvoir profiter de la climatisation et des vitres électriques. Non, c'est faux, j'ai jamais dit ça. J'aurais du. Encore un regret.

Cousin

Au fond rien faire c’est assez agréable. Par moments, je me dis que je gâche mon temps à lire le journal. Surtout quand quelqu’un me demande ce que j’ai fait aujourd’hui. C’est pas normal cette semi-honte que je ressens des fois en répondant « rien ». La vérité c’est que j’ai lu des journaux, maté des Simpsons, fait de la sexualité, mangé du fromage, pensé en me baladant, engueulé dans ma tête ces enculés de droite qui bousillent le bel idéal républicain avec leurs gros 4x4 mentaux. J’ai fait plein de choses. Mais j’ai pas sué (sauf pendant la sexualité) et je me suis pas levé ce matin. Rien faire c’est moins bien en hiver. En hiver il faut faire du ski. Ce qui me manque c’est de l’argent en fait.

J'ai dit ça à mon cousin l'autre jour. D'habitude j'épargne à ma famille ces choses là. Ma famille est chouette, mais ma famille travaille. Tous, tous travaillent, plus ou moins fort, avec plus ou moins de résultats, mais c'est inscrit qu'on peut vivre qu'en travaillant. Il me demandait ce que je faisais exactement dans la vie. Alors je lui ai répondu que je passais beaucoup de temps à lire des journaux et à trainer sur les terrasses sauf en hiver où je m'embête un peu plus parce que j'ai pas assez d'argent pour aller au ski où il y a aussi des terrasses agréables. Il m'a alors demandé ce que j'allais faire après et je lui dis que j'aimerais continuer, parce que j'aime bien. Sauf le coup du ski que je fais pas. Il comprenait mal. Il me disait que je devrais finir par travailler et je défendais le pas forcément. Pas forcément ouais. Je travaillerais que quand j'aurais faim. Il a marqué un point en me disant que je risquais de pas savoir faire si j'attendais trop longtemps. J'ai acquiescé. Mais est-ce que ça fait du sens que je travaille au cas où je dusse finir par travailler? Va savoir que je lui dis vu qu'il me répondait pas, je pense à cause du mot "dusse" qui vient généralement que précédé de "Jean-Claude" dans notre temps. Va savoir cousin, mais j'y réfléchirais demain en me baladant au soleil, je te le promets.

Je n'ai jamais été pour les peuples

L'autostoppeuse a un drapeau tibétain accroché à la lanière de son sac, je l'avais pas vu parce que j'ai regardé que ses jambes quand je l'ai prise, je m'en mords les lèvres maintenant parce que cette pute essaie de le mettre bien en vue pour que je le vois pour qu'elle puisse en parler. Parce qu'elle veut parler. Parler parler parler, merde. J'évite le truc pendant un quart d'heure et puis à un feu rouge, à un sémaphore même, mes yeux se baladent et entre deux nichons tombent sur le drapeau. Juste le temps de piger l'erreur et elle me parle de la cause tibétaine. La cause. Putain. C'est à m'empêcher d'être de gauche quand j'entends des trucs comme ça. Elle parle: "libération", "oppression", "massacre", "culture", "liberté", "patrimoine" et "la honte des jeux olympiques". Bon. J'aime ça moi les tibétains sur le principe, des mecs marrants qui font du kung-fu et des temples dans les montagnes c'est chouette, y'a le Yéti aussi, bien le Yéti, si je me rappelle bien, y'a également des sacrés Lynx dans ces régions. Tout ça est formidable. Mais qu'on me foute la paix avec la libération du Tibet. 5 ou 6 millions de bonshommes des montagnes qui luttent supposément pour avoir le droit de revenir à un pays gouverné par leurs curés karaté en soutane arc-en-ciel ça commence à faire. Le droit de parler et de, comme le prévoit l'ONU, s'autodéterminer, je dis oui, mais libérer le Tibet, mon cul. L'autostoppeuse parle beaucoup encore elle parle des cultures opprimés et de l'oppression des peuples et je sais bien que je la chopperais pas, je choppe pas les autostoppeuses, c'est dégueulasse, je me vois pas me garer dans un chemin pour lui proposer de me sucer si elle veut qu'on aille plus loin. Alors du coup je commence à en avoir ras-le-bol de devoir l'entendre sachant qu'en retour j'aurais rien, voire pire, le petit drapeau en souvenir. Alors je finis par faire un petit pffiou et je lâche tout. Je lâche l'affaire que toute libération est un nouveau servage et que c'est une sale hippie et qu'on n'en veut pas de la Bretagne Libre et qu'on en veut pas d'un pays de religieux. Elle me dit que si. Je lui dis que ta gueule, que les Dalaï Lamas ou les Chinois du P.C. c'est tous des connards, et qu'elle ferait mieux de s'occuper de son cul par moments, parce qu'après il finit par grossir et que personne n'aime ça. Le plus dingue c'est qu'elle ne quitte pas la Vectra, elle devient rouge, bouge la tête un peu trop et ferme sa gueule jusqu'à Arles où nos chemins, joie, finissent par se séparer.

mercredi 1 avril 2009

Tête rouge

J'ai arrêté de me lever le 7 avril. Je m'en rappelle parce que ce soir là j'étais censé aller voir Sébastien Tellier au Cabaret. Il était 12 heures et je me suis dit "non, bordel, je me lève pas". J'avais une bouteille d'eau et puis des bonbons avec du jus de fruits qui explose dans ta bouche et du petit sucre qui râpe la langue. J'ai dit "je reste là jusqu'à ce que j'ai faim". Finalement, je me suis rendu compte que la faim vient avec l'activité. Rester couché à regarder des Simpsons ou des South Park ou des Malcom ou d'autres séries ça fatigue pas. Sans mon laptop j'aurais tenu 12 minutes mais là je regardais des trucs jusqu'à dormir puis je me réveillais jusqu'à dormir puis je regardais des trucs jusqu'à dormir. J'ai décidé de me rationner dès le départ. La clé c'est de manger le bonbon avant d'avoir faim et de pas le croquer. Juste frotter le sucre sur la langue et le laisser fondre. Et après, hop, une lampée d'eau, pas plus. J'ai tenu deux jours sans avoir envie de faire pipi et encore c'était mon erreur. Je me suis endormi avec l'ordinateur tout chaud sur mon ventre alors ça a appuyé sur ma vessie alors j'ai eu envie. Je pense que j'aurais duré une semaine. Le pipi j'ai evacué ça vite. J'ai étiré mes bras sur ma table de nuit où trainaient une tasse de café froid d'une ou deux semaines, une assiette creuse et un bol avec trois Chocapics qui se battaient en duel avec du lait, ou plutôt le truc précedemment connu comme le lait et puis j'ai fait mon affaire. Par chance j'avais fait mon caca avant d'aller dormir le 6 avril. Chance. J'ai fait pipi trois fois en tout, ça m'a surpris, parce que d'habitude je fais beaucoup plus. C'est parce que je peux. C'est très capitaliste comme attitude, souvent je pisse parce que j'ai un peu envie et que je sais que je peux y aller. Si on me faisait payer 2$ à chaque pipi, je ferais plus gaffe, mais là comme c'est open bar, je m'en donne à coeur joie. Enfin, je m'en donnais. Parce que là, deux semaine de lit et juste trois pipis. J'ai eu peur un jour, le premier dimanche même, parce qu'internet a coupé. Je me suis dit "merde la crise". Parce que bon, j'ai bien des Simpsons et des Family Guy sur mon disque dur, mais merde, je les connais déjà par cœur ceux là, cf. insomnies, cf. chômage. Mais j'ai gueulé quand j'ai entendu mes colocs marcher dans le couloir, genre "Can you PLEASE replug the Internet THANK YOU". Ouais ils parlent anglais, mais j'ai aucune idée de quel pays ils sont: Inde, Bangladesh, Sri Lanka, Pakistan, ou une autre merde dans le style. Ils sont sympas mais leur bouffe est vraiment dégueulasse.

Le gang des lapins

Deux gars, trois filles et probablement une lesbienne. Une des filles a des chaussures dépareillées. Il manque un pied à un des garçons, probablement un mauvais montage photoshop. La photo est ancienne. Dans le ciel on note la présence de trois sphères extraordinaire, dans le sens premier. Puis, on se rend compte que ces sphères sont partout sur la photo, c'est juste un problème de papier qui gondole. Le gang des lapins a fière allure. Le type le plus à gauche a un sac à papier et une étiquette sur son polo fabriquée à partir de ce sac. Peut être que ce sont des frères et soeurs, peut être que c'est halloween mais j'y crois moyen parce que halloween c'est la peur et le stress et eux, en lapins jaunes à oreilles maronnasses, ils font pas peur. Même pas pitié. Ils font nostalgie des temps inconnus. La fille aux chaussures dépareillées a une étrange tunique avec une sorte de G barré. Ce n'est pas un déguisement. Aucun n'est déguisé hormis la fille la plus à droite qui est peut être déguisée en princesse à moins que ce soit une robe normale pour une enfant de douze ans en 1967. Il n'y a presque pas d'indice sur la date, faut avoir l'oeil pour s'en sortir. Au fond on aperçoit une camionette genre 50-60, elle est beige avec une bande verte sur le côté. Derrière elle, en plissant fort les yeux, on devine une familiale à trois ou quatres vitres, très large, vert pâle, avec des lignes acérées au niveau des phares. Le ciel est blanc, le sol est blanc, ça ressemble à un polaroïd. Les tenues du gang des lapins en disent peu, mes colocs s'habillent comme ça au 21ème siècle, chemise à carreaux, costume une pièce à ceinture, polo rayé, veste en laine, Converse. Le look des masques est quand même daté. Qui est le gang des lapins?