mardi 20 octobre 2009

Crédébilité

- Tu vois, par exemple toutes mes nanas ont des nudités douteuses. Soit on peut comprendre qu'elles sont malformées et m'accuser d'être une sorte de personnage malsain, soit on peut accuser ma méconnaissance de l'anatomie féminine.

- C'est un peu des deux?
- Tu ne comprends rien à l'époque décidément. Non mon p'tit pote, c'est pour parler aux homos que je fais ça. Tu vois, les homos ils lisent surtout des auteurs homos, plus encore que des livres sur l'homosexualité tu piges? C'est une affaire de communauté. Il fut un temps où le "d'où j'écris" servait à éclairer le "ce que j'écris". Petit à petit les mecs qui voulaient faire les malins ont surtravaillé le d'où et ont oublié d'écrire. Et les livres ont continué à se vendre. Le contenu peut être bon ou pas, finalement c'est pas le plus important. Donc mes nanas sont ratées niveau chatte et les homos se disent "chouette un auteur homo donnons lui tout notre argent". Parce que les homos ont de l'argent souvent, en tout cas les lettrés.
- C'est débile.
- C'est l'époque! 
- Et les lesbiennes?
- Oh sérieusement... qui s'intéresse encore aux lesbiennes? Et puis, si tu veux percer dans cette économie il va falloir bosser ta personal brand. D'ailleurs p'tit, prend pas homo, tu serais pas crédible. Et ne soit pas déçu, tu le savais en écrivant ça que la littérature c'est du pipi de chat. Et tes considérations esthétiques peuvent toujours exister mais trouve toi une image, je sais pas moi... Relance la révolution, ça a permis de bien baiser à l'époque."

Crédibilité

T'es pas crédible en gangsta girl, tes bonnes manières dénoteront toujours, t'aimes pas vraiment J-lo et tu préfères les gambas au double cheese. D'ailleurs, à ce sujet, c'est pas la peine de nous faire l'anecdote du sexe contre un burger, je l'ai déjà vue au Maury Povitch show.

Elle a fait boum

Moulée dans ses idéaux, Justine saute sur le train dans le train, le train sautant sur la mine. Elle meurt pour la cause, elle n'est pas la dernière, elle n'est pas la première. La rue est maintenant vraiment prise d'assaut, chaque barricade présente ses deux côtés et les vox pop se sont arrêtées quand les caméras ont été volées. Justine brûle dans la gare de Bordeaux avec des policiers. Les trucs en plastique font pfiuuuiii et les pompiers arrivent. Rue Lejeune, on n'est pas encore au courant, les téléphones vibrent pas assez fort quand on est occupés à jeter des objets sur des gens/objets.

Justine vivait dans le squatt où vivait aussi Jérôme que je connaissais. Nous avions passé plusieurs soirées ensemble mais Justine, malgré mes arguments, n'avait pas accepté qu'on baise. Elle était assez jeune, juste assez pour que je me sente vieux et dégueulasse mais pas coupable de détournement de mineur. Elle était une sorte de vraie communiste. Des types se laissaient pousser les idées mais aucun à ma connaissance ne l'a vraiment eue. Elle voulait se battre.

L'époque n'est plus faite pour la baston, la seule vraie bonne solution aurait été de recruter des mercenaires dans les quartiers. Dans les quartiers y'a des muscles qui vibrent pour l'argent. Mais pour avoir de l'argent on aurait eu besoin de force ou d'être de droite ou d'être des putes. Le lobbying est un pouvoir désarmé.

dimanche 11 octobre 2009

Ça, la télé et la bière

Le couteau tranche le roti sans bruit, la fille soupire des "huuuum" et l'autre fille ajoute "on va se ré-ga-ler". Je partage leur avis mais au fond de mon coeur et de mon estomac, je suis noué. Je connais ce boeuf dont je découpe un bout en ce moment même. Je ne le connais pas personnellement, d'abord pour des raisons syntaxiques, mais je le connais par coeur. C'est un animal de masse, il a eu une vie pourrie et une ou deux fois, son voisin de derrière lui a fait dessus. On les nourrit trop fibreusement ces bêtes là. Si c'était un homme, il aurait vécu toute sa vie dans un HLM à Nevers. Il va être bon, surement, je l'ai arrosé d'huile d'olive chère, truffé de mini ails frais et cuit avec des patates Yukon Gold au basilic et gros sel marin. Mais il va être triste sous la dent. Les filles s'en foutent, elles diraient encore que je réfléchis trop, les naïves, mais c'est le contraire, je pense que toute cette viande cheap m'a rendu stupide. Ça, la télé et la bière.

Adolescent incandescent

J’ai vu des femmes et des hommes que j’appellerai Hommes dans la suite de ce texte, rien que pour que ce soit plus facile à suivre, rien que pour raccourcir la longueur de mes phrases et éviter ces parenthèses entre virgules qui nous fatiguent vous et moi ; des Hommes qui pour un oui, un non, un peut être parfois, se montraient bestiaux et se justifiaient en se traitant d’animaux : « On n’est rien que des bêtes au fond, des cochons civilisés, des grands primates, on partage le cancer et la paraplégie avec les rats, c’est dire ». J’ai vu des Hommes avoir faim à en oublier leurs manières, à s’en bâfrer, à s’en battre, nus ou non, mais j’ai surtout vu des Hommes se battre sans avoir si faim que ça. Des Hommes s’esquinter pour avoir un plus grand nombre d’autres Hommes à lécher. Et consécutivement, j’ai vu et senti des Hommes s’entrelécher, garçons, filles, et objets, le tout caché dans des chambres du latin camera, pour le mystère et parce que c’est peut être moche au fond, il ne faut pas prendre de risques. Ça s’entreléche et ça se tarabiscote comme si de rien n’était, ça ne respecte pas nécessairement les voies et usages naturels et là encore, naturelles, naturelles, c’est vite dit. Tout ça m’a l’air plus moral que naturel. Mais ça s’esclaffe et ça se raidit les Hommes, et ça se cache d’autant plus. Je les ai vu ces Hommes, guindés dans des tissus de pauvre qualité mais qui paraissent bien se trémousser, suer, tomber et boire jusqu’à tomber et dormir. Et remettre ça. Je les ai vus ces Hommes me parler de politique et de respect, m’expliquer comment une barbe doit être rasée, comment repérer avec qui on doit s’entrelécher ou non, combien on doit consacrer d’argent à ses jantes de voitures ou de vélo c’est selon. Je les ai vu gaspiller du jambon et des fruits tropicaux oubliés dans le fond de leurs frigidaires et négocier sur le prix des tapis, négocier des cacahuètes avec leur bière et des fellations avec leur sodomie. Et certains soir j’ai du les écouter me parler d’antisémitisme, de trou dans la couche d’ozone, de double pénétration, d’économies sur le chauffage, de la représentation des femmes dans les séries hospitalières, de leur cul, de leur mère, des impôts, y’en a trop, y’en a pas assez, ce ne sont pas les bons, et les westerns ? Et Bruce Willis ? Et les jantes ? Et tout ça m’a occupé, au moins pendant 20 ans, comme des Legos ou des Playmobil, ou ces petits ours bizarres qui sentaient le moisi que j’ai jamais retrouvé dans mes cartons, le bordel Humain m’a occupé avant que je ne finisse par y participer activement. J’ai pris ma carte au Parti Communiste, j’ai ferré les buffets des vernissages, j’ai niqué, si si, niqué, j’ai rendu ma carte et j’ai continué les manifs, j’ai acheté une voiture puis une autre et j’ai roulé, j’ai acheté de la viande en promotion alors que je sais ce qu’il se passe dans les abattoirs en promotion, j’ai été satisfait de la taille de mes cacas et j’ai écrit un livre : « Bravo Merci » ça s’appelle, ça sera en vente bientôt, partout.

mardi 6 octobre 2009

Kastarabe.3

Elle me vole la vedette celle là, toujours à pavaner mais nonchalamment. Ses "ah", tout le monde essaie de les avoir, alors que non, elle doit me les réserver, elle est à moi maintenant je lui explique. "ah". Un type avec un look d'argent lui paie un verre, elle le remercie et sirote son drink à la paille du bout des lèvres pendant qu'il lui parle, probablement pas de ses hémorroïdes. De loin, de ma place au fond du canapé en cuir trop mou, je la voir faire des "ah". Il lui propose un autre verre, elle le prend et me l'apporte. "Il te disait quoi lui là?" "bof, j'sais pas, des trucs sur lui" "et ça te plaisait?" "bof" "il te draguait tu sais..." "oui". Elle dit "oui" avec presque l'accent du nord, presque "ui" mais pas complètement. "et tu t'en fous qu'il te drague?" "il nous a payé nos verres et puis il était pas méchant" "ça te plairait que je drague d'autres nanas, que je parle à d'autres filles en leur offrant des verres?" "t'as plus d'argent. Et puis tu en dragues si tu veux, tu me fatigues, je rentre", "ah".

Troc, mauvais troc

J'ai troqué une Renault contre une BMW mais je suis déçu, les entrées de gamme de chez BM sont plus nulles que les moyennes gammes chez Renault pour un prix équivalent voire plus élevé. Après le coup des nazis et le match volé de 1982, c'est la troisième fois que l'Allemagne me déçoit. Elle est belle l'Europe.

Enfants au sud

Je vais chez Julie, elle garde dans un coffret en forme de chateau de princesse un kit complet de maquilleuse de film d'horreur cheap et de la vieille beuh dans des tubes de comprimés allemands pour la fièvre. Ou pour la lutte contre la fièvre, je sais jamais comment il faut dire. La proximité de ces deux éléments et le fait qu'elle ne fume jamais cette drogue m'a toujours fasciné mais à chaque fois que j'ai voulu lui demander elle changeait de sujet: "j'ai peut être tué quelqu'un hier soir", "je peux sucer ta bite pendant qu'on discute", "ma soeur jumelle ne m'appelle jamais"... Ce soir c'était "je suis enceint". J'ai pas dit "de moi?" parce que je sais que ça peut être jugé comme un acte narcissique et un manquement à l'étiquette. Alors j'ai dit "félicitations" comme ça elle peut le prendre au premier ou au second degré, à elle de voir. "Je pense arrêter mes conneries et le garder". "C'est de moi?" j'ai craqué, "non, de Nick Oliveri, l'ancien bassiste de The Dwarves et Queens of the stoneage. Ou en tout cas, d'un type qui lui ressemblait vraiment beaucoup. Quoiqu'il en soit, j'avais besoin de ça, je déconne à pleins tubes depuis bien trop longtemps, je me suis bien marré mais là ça commence à faire. Ma mère est heureuse en plus, je l'ai appelée et elle m'a dit "super, je suis heureuse comme tout" et je crois me rappeler que c'est ça qui me plait le plus: rendre ma mère heureuse. Alors je vais partir chez elle, bon, pas tout de suite, j'ai encore deux-trois turcs à régler, disons, dès que le bébé deviendra un peu gros j'irai chez elle et puis je deviendrais une maman, comme ma maman". Cette histoire de turcs à faire m'a troublé, Julie, autant je l'aime, autant elle n'aime pas trop les turcs en général, pour elle, c'est pas l'Europe. Mais son départ chez sa mère m'a plus troublé encore. Je voulais avoir son cran, je voulais faire pareil, enfin, quitter toutes ces conneries dissolues et aller vivre chez sa mère qui fait très bien la piperade. On a ouvert une bouteille de Buckler pour feter ça avec Julie et elle m'a dit que ce qui serait super, mais alors super, ça serait que je l'emmène chez sa mère, parce qu'elle n'a aucune idée d'où elle habite et elle a peur de se tromper de personne, ça lui arrive tout le temps qu'elle me dit.

Réunion numéro un miliard

"- D'accord alors Sylvain tu feras principalement les dialogues à partir de maintenant, je crois qu'il faut qu'on mette vraiment le paquet là dessus parce que sur le cadre général de l'histoire on est bons. Trop pousser là dessus risquerait de nous faire perdre de la cohérence dans le déroulé du truc. Donc Sylvain, oui, les dialogues, c'est vraiment ton domaine, avance dessus cette semaine, attaque par la partie que tu veux, on se fait un break pour replacer tout ça et on en reparle d'accord?
- Euh, oui ok, je vais voir ce que je peux faire
- Parfait. Bon ben salut les boys, bon weekend
- Salut
- Ouais, salut
- Ouais, bon weekend"

Killer Cats From Liberal Future

"- Les chats doucement deviennent les animaux les plus costauds du monde
- Comment?
- À cause de croquettes trop riches en protéines. Non, grâce à. Attends, non, voilà, meilleure idée: la mode passe à l'entrainement intensif des chats pour faire des combats de chats. Des types fabriquent des super croquettes à base de testostérone et d'hormones de chevaux, ils appellent ça l'hongroise. Ils gonflent les chats à l'hongroise et les font se battre les uns contre les autres et se reproduire entre chats musclés. Les carnes sont des voraces, ils commencent à bouffer du gros et un jour un chat attaque le président
- D'où?
- D'où quoi?
- Le président, quel président?
- Celui du monde libre. C'est futuriste mon truc, il n'y a plus qu'un président et plus de pays en guerre, la violence n'existe que dans les combats d'animaux.
- Ah.
- Quoi?
- Alors pour toi le futur c'est forcément un seul président? Et du monde libre en plus?
- Bah... On s'en branle c'est pour faire genre.
- Genre quoi? Genre futur totalitaire qui opprime les peuples et les cultures derrière un concept éculé/enculé de liberté? Le monde libre c'est le monde des bureaucrates costards cravate pas de morale qui se rasent les aisselles et font disparaitre jusqu'à la moindre once d'identité? C'est la mort des coutumes, des traditions, des différences, des expressions. Et évidemment ce président sera un homme blanc dans la soixantaine. Le monde libre c'est notre petite case imposée aux 90% restant. C'est ça la liberté? Ta liberté?
- Euh... À la fin les chats meurent à cause de la senteur "peau de bébé" cancérigène des litières. On ne pense jamais assez à ce qu'on met dans les litières pour chats.

Kastarabe.1

Kastarabe mâchonne le cordon de mon vieux sweat cosmonaute, c'est comme un trophée de bave de nanas. Seules les mieux ont droit de baver dessus. Elle est à poil dessous et vu qu'elle est grande elle est à poil en bas. Je suis fatigué je dis dans ma barbe, "ah" elle répond. Je me sens poisseux comme un pervers en robe de chambre mais en même temps content comme si j'étais drogué. Ce que je ne suis plus depuis quelques heures. Kastarabe frotte son nez contre ma joue comme un chat. Je lui dis des choses qui passent par ma tête, des idées sur la balistique et elle répond des "ah" et des "hum" en regardant ses ongles par moments. Au début de la soirée il me semblait qu'elle était plus bavarde mais là elle a pris un coup de fatigue post-sexe alors elle se tait presque. Elle marmonne genre. Kastarabe ce n'est pas son vrai nom, le sien je l'ai oublié il y a longtemps mais quand je l'ai draguée en lui jetant un glaçon au visage (la technique du glaçon) j'ai trouvé qu'elle avait une tête à s'appeler un truc bizarre. Kastarabe c'est bizarre. Elle se brosse les dents et je continue à sourire bêtement.

lundi 5 octobre 2009

Kastarabe.2

Un peu de vraie poésie maintenant.
"- Jeune fille tu vois, je n'étais que fatigué au début de la soirée mais là je suis content.
- ah
- Oui."

Donneur kebab

Donner c'est perdre. Faut arrêter de se leurrer.

Homme trompe

Comme on est samedi et que je ne sors pas vu que je n'ai plus assez d'argent, je me pose des questions sur les hommes trompes en sirotant du jus de raisin. Les hommes trompes, je pense que ce sont des hommes dont le nez est pendant au point que l'on peut parler de trompe. J'appelle Matthieu qui sait beaucoup de choses sur les malformations pour savoir si c'est possible et si c'est intéressant mais il ne répond pas. J'insiste, j'insiste, j'insiste et il finit par décrocher et gueuler "putain mais je baise là, je baise, alors arrête!" et raccroche. J'insiste encore deux fois avant qu'il ne finisse par débrancher le téléphone. Alors je tape "Homme trompe" dans google, histoire d'en savoir plus grâce à la technologie mais déception/collage: je ne trouve que des histoires de femmes qui ont trompé leur homme ou des astuces pour tromper son homme. Des gens confient leur vie aux conseils d'autres gens sur internet. Une femme pleure tous les jours parce que son mari a couché avec un autre homme juste avant qu'elle n'accouche puis lui a dit "en fait non je reviens" puis "non une dernière fois" puis il est heureux. Des gens commencent à dire qu'elle devrait lui proposer d'autres jeux sexuels et d'autres que les hommes qui veulent sodomiser leurs femmes sont des pédés. En plus c'est complètement con, une fille raconte que son mari a sucé des bites mais pas que et ajoute "Mais ce secret est resté entre nous, personne d'autre n'est au courant pour justement éviter les ragots et les regards de travers" mais en même temps avec le internet je sais qu'elle s'appelle Nathalie Lepers, qu'elle est belge (Liège), qu'elle a 27 ans et que son numéro de téléphone c'est le 0477706927. Par contre sur les hommes trompes, rien.

Les filles ne comprennent rien aux catapultes

"- C'est un joli mot catapulte non?
- Oui, j'imagine
- C'est katapeltes de kata et pallo, du beau grec, c'est traverser le bouclier. Tu vois, inscrit dans le mot, tu as la partie fixe et mobile du dispositif, la catapulte et le projectile.
- Je m'en fous en fait
- Mais c'était pas comme ça au début tu sais, l'évolution du mot et des usages est fascinante: catapulte était lié à des armes dont la forme a changé du tout au tout mais dont le principe était le même. Au fond, l'idée de catapulte avait plus d'avenir que ses configurations pratiques.
- Sylvain, je t'en prie, je m'en fous vraiment, laisse moi regarder la télé
- Autre chose que tank. Tank. On dirait de l'allemand tellement c'est moche. Mais non, c'est de l'anglais, c'est un nom de code je crois. Je hais tank. Et puis catapulte existe encore, et pas que dans le passé, t'as déjà entendu parler des catapultes magnétiques pour envoyer des fusées dans l'espace? C'est vraiment un truc super cool. Bon c'est pas encore au point mais l'idée est vraiment super.
- Sylvain, tu m'emmerdes.

Rouge

En octobre, dans mon petit studio, je conçois des vinyles en rouge. Je ne mets que du rouge comme couleur mais avant je colle des images avec d'autres images mais tout ça devient rouge quand je le recouvre en rouge et encore en rouge. Je n'aime pas spécialement cette couleur mais comme le disaient plein de gens célèbres et probablement le vrai Benjamin Franklin: "Faut s'accrocher, la pire des conneries répétée à vie peut devenir une pompe à fric". Du rouge et encore du rouge je peins ma chambre en rouge et j'achète des chemises rouges et j'appelle mon chat "rouge" mais il s'en fout, il répond à n'importe quoi quand il a faim. Je mets de la peinture dans des verres d'eau pour décorer ma cuisine puis j'achète des verres rouges pour boire de l'eau et j'organise une fête rouge où des types pensent que c'est une blague sur le communisme mais non. Un type m'appelle pour qu'on fasse un album ensemble, je lui dis qu'il sera rouge, qu'il parlera du rouge et que les accords et les beats seront rouges et le vinyle sera rouge et les flyers pour les shows aussi et j'ai une guitare rouge je rajoute. Il change d'avis du coup et me propose de me laisser quelques temps pour réfléchir peut être et je pense que trop tard, je vais faire cet album rouge tout seul. Je me teins les cheveux en rouge et j'en parle à ma psy. Puis je peins mes plantes en rouge, mes lunettes en rouge, je teins mes habits, je tiens un journal au feutre rouge et je n'achète que des tomates et du boeuf parce que c'est rouge tu vois l'idée. Décidé comme un cosaque, je finis par me bruler le visage avec ma plaque chauffante, c'est rouge mais douloureux puis plus douloureux que rouge puis franchement moche. Je regrette. Les conseils de Franklin sont décidemment merdiques.

Non mais je rêve ou quoi?

On fait atelier peinture à nouveau de la voiture de Jacques. Peinture à nouveau c'est ma façon à moi de dire repeinture qui est un mot inexistant et laid. Jacques c'est le surnom d'une personne qui ressemble au Grand Jacques, a.k.a. Chirac. On la repeint à la vraie peinture dans des pistolets, on a précédemment aménager sa grange à base de bâche à purin et on a démonté/protégé les plastiques et les vitres, C'est un vrai boulot d'artiste. On déboite l'ancienne à la ponceuse, on mélange dans des grands pots les couleurs et on prépare le dégradé, oui, le dégradé. L'ambiance est au rendez-vous, des blagues fuses, le dégradé avance puis le téléphone sonne. On cherche le téléphone et je me réveille je ne sais où je ne sais quand. Je me force à me rendormir mais ce coup ci je suis avec Raymond Barre à la pêche et on s'emmerde terriblement. Je suis déçu, je ne verrais jamais la peinture finie et en plus c'était un numéro caché.

Hélène, oh, tiens la bien

Hélène a des longues jambes, c'est positif et négatif en même temps. Positif parce que cool et négatif parce que poils. D'après ma putain d'expérience, les filles qui me plaisent saoul et sobre oublient environ 2% des poils de leurs jambes. C'est normal, les filles qui me plaisent sont super coquettes mais pas que. 2% sur des petites jambes c'est rien, c'est trois poils derrière les genoux, et deux pris pour du duvet. Mais sur Hélène c'est au moins une dizaine. Parce qu'elle a de longues jambes.

Ça sent beaucoup trop Naples

"- Trop de gens mangent des pizzas par dépit ce qui pousse les fabricants de pizzas à ne plus en avoir rien à foutre de la qualité de leur dope. Si on bouffait de la pizza par vrai choix on serait plus exigeant. Mais non, c'est toujours un connard qui a fumé qui dit à ses connards de fumeurs de potes "oui la flemme, on commande une pizza" et un autre connard en scooter leur donne n'importe quoi sur de la pâte à pain et tout le monde dit miam en s'allumant un autre joint. Et c'est l'Italie qu'on piétine, et c'est Naples entière qui pleure ses larmes à la tomate.
- D'accord mais toi, c'est quoi ta pizza préférée?
- Roquette, Parmesan, Jambon de Parme
- Sur tomate?
- Évidemment sur tomate, avec deux trois tomates séchées dessus
- Très Parme
- Je suis très Parme.

Ça sent beaucoup trop l'oignon

Mais c'est quelque part dans la cuisine, c'est le problème des cuisines ouvertes sur la salle de bar, les odeurs passent et s'infiltrent dans les habits/les yeux; aïe, ça pue. Après ma nana me dit "je sais où t'as été" et ça nous fait un instant de complicité dans un océan d'incompréhensions. Mais c'est ma faute. Je bois de plus en plus vu que ma bagnole est en panne et que je ne veux pas la réparer parce que le garagiste va me juger. Ils peuvent pas s'empêcher de me juger les gens, je le vois dans leurs sales yeux. Comme je bois plus je comprends moins. J'ai un tonton qui m'a dit ça un soir dans un repas de famille quand je lui ai demandé pourquoi il se mettait dans des états comme ça. Il s'est assis, a épousseté les débris de plâtre qui trainaient sur ses épaules et il m'a dit: "comme ça je comprends rien, ça fait 12 ans que j'ai aucune idée -ou presque- de ce qu'il se passe, je comprends rien et franchement petit, regarde un peu la salle et dis moi si je rate quelque chose". Il avait autant raison que tort sur le coup, la salle était sympa mais mal décorée. Je crois que tout ça n'est qu'une question de choix. Comprendre ou pas. Boire ou pas. Rater ou pas. Une fois dans son chemin il suffit de pousser le truc à fond pour qu'il prenne sens. Et puis ce soir je passerai me changer avant d'aller chercher ma nana, ça lui fera plaisir que je pue pas l'oignon je pense.