mercredi 25 mars 2009

Les gens qui parlent dans les conférences sont des hippies

"Toutes ces grèves, toutes ces manifestations, ce bruit dans les rues de Paris... On crie, on chante, pour quoi? Des revendications sociales? Des salaires? Du travail? Non. Pas du tout! Pas. Du. Tout! Ce que chaque femme, chaque homme qui marche aujourd'hui c'est une revendication de l'essentiel qui s'exprime et que je ressens dans mon coeur, une revendication de l'expression, une revendication de poésie. Parce que c'est ça qui manque et c'est ça qu'ils veulent: de la poésie. Tout simplement".

Prout

J'ai rendez vous avec la fille de mon éditeur pour lui parler de mes nouveaux poèmes.
"Joue mon jeu, je m'en fous, je m'ouvre les bijoux".
Elle me demande si c'est un haïku, je lui réponds que peut être. Elle est assez sympa comme fille, pas mon genre, trop prépa. Et puis c'est la fille du type qui me donne de l'argent et il ne faut jamais, j'ai dit jamais, coucher avec la fille de la personne qui te nourrit. Tu vois c'est un peu incestueux comme truc.
"Tu me suis
Tu me suces
Nous suons
Sur les rythmes latinos".
Non, là j'en suis sûr c'est pas un haïku que je lui dis. J'avais commencé un énorme poème sur l'amour entièrement en 3-3-3-7 mais j'ai arrêté vite parce que je buvais en même temps et que je me suis retrouvé ivre à la fin de la première partie qui parle des amours qu'on connait entre 30 et 40 ans. Si je me rappelle bien, je me suis endormi ce soir là en regardant des Simpsons que je connaissais déjà par coeur.
"Dans tes yeux
Je le vois
Brille encore
L'amour de nos vingt ans".
La fille est impressionnée, moi je me contente de manger ma salade de crevettes en hésitant à prendre un autre verre de Tariquet. Elle a 17 ans elle me dit. Elle a écrit des poèmes et elle a honte de me les lire maintenant. Je lui dis qu'elle a bien raison en espérant que surtout elle me les lise pas parce que je sais pas du tout cacher l'effroi quand j'écoute des gens lire des poèmes nuls. Même mes poèmes je les hais pour être franc. La poésie, j'ai toujours considéré que c'était le terrain des lopettes et si je m'y suis mis, c'est surtout que pour chier 150 pages de pouin pouin et de ouin ouin en vers qui riment c'est plus avantageux que 150 pages de vrai texte: plus d'espace, moins de lettres pour une paye identique. Je vais prendre un autre verre de Tariquet.

mardi 24 mars 2009

Mon fils, ma bataille

Chaque premier jour du mois depuis mes dix sept ans je décide d'un truc. Par exemple je décide de me raser les couilles. Ou de pas dépenser plus que 20$ par jour. Des fois ça a un sens mais souvent c'est juste parce que ça m'occupe. Le mois dernier j'avais dit "je vais lire l'intégrale de Georges Bataille pour pouvoir expliquer posément aux gens que ce type est une trace de merde. Mais page après page, Batalle m'emmerde. Dans le sens il m'ennuie. À mort. Je suis tellement pas concentré que j'en suis venu à développer une fascination pour les petits poils que j'ai à la base de mes doigts. Je les regardes des quarts d'heures durant et j'en bouffe de temps en temps. Ils sont aussi moches qu'un petit chien bâtard, caniche/basset par exemple, une erreur, on dirait la conséquence d'une manipulation génétique ratée. C'est digracieux. J'en étais à Divinus Deus, dans le tome 4 de l'intégrale, un peu plus de 1000 pages de Bataille dans ma face quand l'évidence a surgit: je m'emmerde. Mais vraiment. J'ai faim, j'ai envie de provoquer des scandales, j'ai faim et j'ai besoin d'acheter du parfum et des trucs ultra-protéinés pour grossir. Alors Bataille, je m'en vais te le survoler en m'arrêtant que sur ce qui a l'air vraiment cool. L'intégrale c'est 12 tomes mec. Enculé. En plus il parle vraiment beaucoup trop de baiser avec sa mère, maxi chrétien ce type, ça en est gerbant.

lundi 23 mars 2009

J'ai des lunettes à 500$

Je m'en sers pour aller acheter du pain. Quand j'entre, je les accroche à mon polo et je souris. Je demande ma baguette, la fille dont j'ai été secrètement amoureux avant qu'elle prenne du poids me la donne en rougissant, je tends mon argent, je bloque la baguette sous mon bras, je remets mes lunettes, je prends la monnaie et je dis "bonne journée". Ensuite, pendant une heure environ, je pense à l'état dans lequel j'ai mis la boulangère. Je pense qu'elle a grossit en mangeant des pizzas tellement elle est croque de moi.

Le scrabble de la vie

Je reçois un mail le lundi matin, je le lis en diagonale, une affaire où je dois signer. Je ne suis pas intéressé. Je reçois un coup de téléphone le lundi soir, c'est l'homme du mail, c'est un mec qui s'appelle Denis. Il me dit "C'est Denis Quelquechose". Je lui dis "oui?" et puis il me parle blablabla projet blabla contrat. Je lui dis "oui, j'ai lu ça dans le mail" il me dit "c'était pour parler de vive voix" je lui dis "c'est sympathique mais pas nécessaire". Il a rien à m'offrir je pense, alors je lui dis, lui il répond "au contraire". Je suis intrigué mais la suite de l'appel me déçoit: Denis parle avec conviction mais j’entends qu’il a pas de budget, il essaie juste de faire son beurre une fois que moi j’ai commencé à faire de l’argent. Il me le dit à un moment: "on vous surveillait mais on attendait d'être sûrs de votre potentiel". Je lui demande "qui c’est on?" et là il essaie de me faire croire qu'il travaille avec des gens mais derrière j’entends le bruit de quelqu’un qui fait la vaisselle et c’est quoi ces gens qui bossent dans leur cuisine bordel, c’est pas sérieux. J'écourte la conversation aimablement et je m'en retourne à la table de jeu. "Prolapsus mot compte double!". Je joue pour la victoire.

dimanche 22 mars 2009

Je pars à la fin de la nuit

La voiture chauffe, j'essaie de le dire à cette fille, mais j'ai trop de B.
"- C'est bon, la boiture bfauchbe"
Elle m'écoute même pas, elle est complètement cramée. Je pensais pouvoir coucher avec à un moment mais là elle fait un peu peur. J'ai souvent ça avec les filles, je les aime la nuit avec la lumière jaune des bars, mais dès qu'il fait frais et blanc, brrrr, je vois leur acné. On roule pas mal et puis je commence à avoir envie de chocolat.
"- Tu veux des chocolats?" je lui dis
"- Hmmm"
Elle me répond en ne sortant pas son doigt de la bouche. Je m'arrête pour en acheter et en sortant de la bagnole j'embarque les clés parce que j'ai pas confiance. Je lui ramène le chocolat et le café, elle boit une gorgée du café et puis elle trempe le chocolat dedans. Je décide de pas la juger. Deux heures plus tard elle se colle contre mon épaule puis monte vers mon cou pour m'embrasser. Je l'avais mal jugé, en fait cette fille vaut mille autres.

Qui je vais baiser maintenant?

"- J'ai envie de dormir
- T'y arrives pas?
- Non...
- Tu veux dormir avec nous?
- Oui...
- Bon viens alors, mais juste ce soir hein...
- Oui..."
Vingt trois ans et j'ai déjà un gosse qui dort entre ma meuf et moi. Je dis ma meuf mais en même temps c'est juste la deuxième fois que je baise avec et elle ne le sait pas encore mais c'est très probablement la dernière fois. Faut me comprendre aussi, je suis pas adapté aux meufs qui ont des cicatrices de césarienne. Dé-gueu-lasse. Le kid a un pyjama avec des saxophones et des guitares, je trouve ça drôle. La promiscuité m'oblige à remettre mon caleçon et un tee shirt, je me sens contri. Mon dernier pyjama remonte à trèèèès longtemps, je me rappelle que je passais des heures devant ma glace à me raconter des histoires comme quoi j'allais lancer la mode des pyjamas de ville. Je trouvais ça super rock'n'roll. J'étais un gosse en or. Puis j'ai viré des parties petit à petit jusqu'à dormir à poil à la fin de mes années teenage. Le gosse dort collé à sa mère. Ça me fait chier parce que ma position préférée pour m'endormir c'est la bite dans la raie de la meuf. Là si elle touchait le petit ça me foutrait dans une merde sans fin. Sa mère finit par passer sa main au dessus de lui pour caresser mon bras: super machine, tout ce contact humain va finir par me donner une érection. Vivement demain matin que je reprenne le volant.

C'est pareil

Juste avant de monter dans le bus j'ai revu cette fille pleine de meth que j'arrête pas de croiser et qui demande de l'argent aux gens et qui propose de sucer pour 5 ou 10 piasses. Le plus dingue c'est que cette fille vit une véritable pente personnelle, je l'avais vue serveuse dans un endroit cool à mon arrivée. C'est pareil pour ce type que j'avais rencontré quand mon travail c'était trier des patates. On passait nos journées à lire des bouquins dans des sacs en attendant des camions. La première paie était royale mais pour la deuxième, le patron avait retranché les temps d'attente. Alors on était venus avec des battes en tapant sur les murs de sa cabane/container. On aurait pas été capable de lui péter la gueule, on voulait juste lui faire peur. Il avait donné l'argent mais du coup j'avais oublié mon vélo là bas et j'ai jamais osé venir le récupérer. Je m'en branle au fond, si je me rappelle bien, ce vélo, je l'avais volé. Le type qui bossait avec moi était revenu par contre avec la batte, pour voir s'il pouvait avoir du rab de monnaie et il avait pété la gueule d'un ami du patron. Ça avait fait des histoires et puis ça avait fait de la prison et de l'échec. C'est la vie un peu.

Terrasses

Les terrasses recommencent à faire le plein. J'y suis quasiment non stop. Je crois qu'inconsciemment, j'ai épuré ma liste d'amis en fonction de leur amour pour les terrasses. Je pense qu'un ami c'est d'abord une passion terrasse. Merde, mais y'a rien de plus joie que ça! Des filles, des salades, des cafés, des bières, tout pour que chaque sourire s'étende vers l'infini. Julie est arrivée complètement saoule, avec des lunettes de soleil hideuse et un sac pendant à l'intérieur de son coude. Ce qui est drôle c'est qu'elle avait un jour de retard par rapport à notre rendez vous. Elle m'a expliqué s'être réveillée à Biarritz dans un graaaaaand appartement. Ses fringues étaient dégueulasses alors elle en a cherché des plus propres et là elle a rencontré la fille chez qui elle était. Cette fille lui a expliqué qu'elle et son mari l'ont prise en stop à Bordeaux et qu'elle leur a affirmé qu'elle vivait à Biarritz. Du coup, Julie a passé un weekend gratos sur la côte à les suivre. Visiblement c'était moitié cool moitié glauque, en somme la vie. Cette histoire tenait pas du tout la route, par moments, je me dis que cette fille a des soucis avec la réalité. Dès qu'elle s'emmerde, elle brode autour de ses histoires pour en faire des trucs improbables. Mais faut dire que tout ça m'a beaucoup fait marré et mis en appétit. J'ai pris une salade royale avec des crevettes et Julie a juste bu des portos et un truc glacé.

En route vers l'espace!

Jules m'expliquait ce que faisaient les astronautes et j'étais persuadé de vivre dans une sitcom américaine douteuse. Petit je voulais pas être astronaute. En plus en France on dit spationaute. C'est ridicule, ça sent l'échec. Même ces fils de putes de russes et leurs cosmonautes sont plus cools que nous. Sans déconner, l'espace vs. le cosmos et mieux, l'astral, c'est merdique. Jules lui il est blondinet, coupe au bol et yeux bleus qui brillent quand il parle de l'espace. Pendant quelques mois sa mère m'a laissé croire que je pouvais être son papa. En fait elle savait qui s'était mais je suis visiblement une bonne épaule. Je lui en veux pas, je pense que ça aurait été débile de pas jouer son va tout sur le coup et puis maintenant j'ai une sorte de dette morale qui me permet d'avoir droit à de la bouffe gratos. Miam. Jules est typiquement le type de gosse qui me casse les couilles, ceux qui ont un avis sur tout et qui pense qu'il vaut le coup. Merde, c'est des putains de gosses, ils savent rien à rien. Je m'en branle de Kourou moi... Sa mère essaie de me caser avec une amie à elle, Julie je crois. Ça fait chier, j'ai déjà une Julie dans mon répertoire et je déteste devoir modifier les noms ou pire rajouter un truc. J'ai ce problème avec les Adrien et les Olivier, j'en connais trop alors je rajoute des choses derrière leur prénom mais à chaque fois que je les appelle je trouve ça ridicule et je me hais un peu plus. Jules veut que je lui envoie des mails et sa mère veut que je vois Julie dans la semaine. J'aurais mieux fait de rester devant Thalassa ce soir.

homme chien

"- C'est impossible de se concentrer si tu gardes ta culotte.
- T'avais pas une réplique plus nulle que ça?
- Je.. euh...
- Non sérieusement "c'est impossible de se concentrer si tu gardes ta culotte... C'est tellement nul, c'est tellement ringard?
- Désolé.
- Ben tu peux l'être... Me touche pas
- Mais
- Mais rien, je sais pas merde, tu te dis pas que je peux vouloir autre chose qu'une réplique ringarde et des mains moites sur les hanches? Non?
- Je sais pas, en même temps je t'ai pas forcé à me suivre
- "Je t'ai pas forcé à me suivre", évidemment, l'argument béton!
- C'est vrai
- "C'est vrai". Pfff. Mais tu m'as vendu autre chose tout à l'heure, autre chose que cette drague cheap. Non mais tu crois que je mouille? Tu crois que je mouille?
- Mais je sais pas, non?
- Ben non! "Je crois que je peux pas me concentrer si tu gardes ta culotte", t'es putain de puceau ou t'es juste un loser?
- Je pense que tu devrais t'en aller.
- Ah non merde! Je me traine jusqu'à chez toi, je prends ce putain de taxi iranien à la con et là tu veux me virer! Non!
- Ok mais là je veux plus trop coucher avec toi...
- Sisisi, tu vas juste arrêter de parler, sourire un peu et puis m'aider à enlever cette putain de robe. Allez! Et s'il te plait: tais toi."

vendredi 20 mars 2009

Première fois

Ludivine vomit dans la chambre à cause de l'alcool et moi je vomis dans les chiottes parce que finalement je me rends compte que j'ai pas tant envie que ça de la baiser. Le stress m'a toujours fait gerber mais là je peux ajouter aussi la vision de sa chatte qui ressemble à une assiette de charcuterie sans les cornichons et puis sa face qui est devenue vraiment moche. Elle a un nez rouge parce qu'il faisait froid dehors et puis des petits vaisseaux rouges au dessus des yeux à force de dégobiller et puis elle sent la crème parce que même bourrée elle a voulu s'hydrater après s'être démaquillée. Elle a gerbé une fois au bar en essayant d'être discrète mais elle sait pas que j'ai une théorie infaillible sur les gens qui vont aux chiottes dans les bars. Si ça dure un morceau, c'est pipi, c'est correct. Deux morceaux, c'est caca ou cocaïne, la face de la personne au retour suffit pour dissiper le doute entre les deux. Trois morceaux et plus c'est vomi ou baise, là, il suffit de voir combien de personnes sortent des chiottes en même temps. Parce que ouais, le coup de sortir en différé marche jamais: je connais aucun gars qui va accepter d'avoir baisé discrètement une meuf dans les chiottes, aucun. Donc Ludivine avait gerbé pendant Louie Louie et I wanna be your dog. Faut vraiment que les mecs qui passent des disques dans ce rade meurent vite, les clichés devraient être mortel pour les dj's. Sur le coup, que Ludivine ait gerbé, je m'en branlais. Elle sentait le savon et le chewing gum et elle est roulée comme un bravo. Elle essayait de se tenir correctement alors que ça devait déjà tourner sévère dans sa tête. Une fois le bar fermé et les deux verres cordiaux accordés par direction j'entrepris de la ramener à la maison pour 1/baiser et 2/dormir. Le trajet fut fatigant pour nous deux: une fois sur ses pattes et livrée à un monde où il n'y a aucun comptoir où s'accouder, Ludivine réalisa que les régimes sous protéinés et les shots de vodka ne font vraiiiiiment pas bon ménage. Si la fatigue était physique pour elle qui consacrait toute son énergie à se stabiliser, elle était mentale pour moi, obligé de me forcer à la désirer encore. Une fois jetée sur le lit, la réalité se mit à tournoyer pour elle. Je ne connais presque rien de plus malaisant qu'une fille saoule essayant d'être sexy. C'est un énorme tunnel de mouvements hasardeux et baisers entrecoupés de haut le coeur sonores. Elle était presque nue et assez réchauffée quand, quelques tripotages plus tard, elle sentit que la salade de carottes était sur le chemin du retour. Mon expérience en matière de vomi m'a permis de lui tendre mon sac de linge à laver au bon moment. J'ai quitté la chambre au son de ses "excuse mbloiaaargh" pour y revenir quand le flot semblait s'être calmé. Encore quelques désolés et je me lance à l'assaut pour en finir. La suite est classique, stressé par l'idée de me forcer à baiser parce que ça la fout mal devant les copains de ramener une fille pour dormir en parrallèle et dégouté par une chatte bien fatiguée sur une fille bien trop saoule, je cours aux toilettes offrir à mes colocs un bien joli duo de vomi, soprano dans la chambre, ténor dans la cuvette. J'aurais espéré mieux pour une première fois.

mardi 17 mars 2009

Les noirs et les rades.

"Radde de merdde" y'a écrit dans les chiottes. Je suis ok mais je pige pas cette manie de mettre plusieurs D. Je suis pas sûr que ce soit une manie non plus. Julie faisait des mots-croisés quand je l'ai rejoint. On a parlé des problèmes à son boulot, moi je lui ai conseillé de voler des sandwichs quand son patron abusait. Le vol c'est cool. Petit il m'est arrivé de voler des pièces, genre 2 francs, à ma soeur quand elle me pétait les couilles. C'était vraiment une vengeance géniale, faire croire qu'on perd mais ramasser de la thune. Les chiottes sont l'endroit le plus vivable de ce rade dégueu. C'est un ancien cabaret, enfin je suppose vu qu'il y a une scène et un piano couvert par un drap et de la poussière. Julie me parle et je me rappelle que mon pénis a déjà été dans sa bouche et que c'était un mois de janvier cool. Après elle parle, elle parle, elle parle, c'est lassant. Je l'écoute plus trop. Puis je suis saoul, on est lundi nuit et je me suis fait une tâche sur le veston. Dépité et en mauvais état, j'abandonne Julie à ses mots-croisés et je rentre chez moi jouer à des jeux vidéos.

Deux jours après un type m'appelle pour le boulot, il me dit voyons nous, je lui dis d'accord et je lui donne l'adresse du rade, aucune idée de pourquoi. On y va, on commande des grosses bières sales et on discute, on se dit blabla site internet, blabla écrire, blabla. Et puis après on se détend un peu et le type me raconte que c'est marrant qu'on se voit ici parce qu'il connaissait cette place de ses années d'ado. Alors je lui dis "tell me more" parce qu'on parle anglais. Et il raconte que ça a été une sorte de boîte à putes mais pas vraiment et que tout le challenge c'était d'y entrer en étant mineur. Le patron était constamment saoul et il laissait pas mal de fois des "amis" à lui aux portes et que eux aussi étaient saoul. C'est ici qu'il a touché ses premiers nichons et il a vomi pas mal dans les chiottes qu'il me raconte. Alors moi je me marre. Après le patron a pété un cable visiblement, il a buté une fille dans une sorte de partouze de poivrots, il l'a étouffé dans un sac plastique. Il s'est dénoncé tout seul le lendemain et visiblement il était devenu un peu taré parce qu'il a baisé la meuf une fois morte alors qu'il pensait qu'elle était juste dans les vaps. Le bar avait fermé mais ce qui est drôle qu'il me dit, c'est que rien n'a vraiment changé. On se serre la poigne et on va dormir après deux ou trois autres verres pendant lesquels on parle surtout de sport.

Un mois plus tard Julie me propose de revenir dans le bar. Je dis ouais tout de suite, normal. On se retrouve au métro d'abord, elle est habillé court avec une robe blanche et bleue et un noeud assorti et un oeil au beurre noir aussi. C'est pas assorti avec la tenue, c'est un client de son boulot qui lui a fait sans faire exprès, il a fait tomber des trucs je crois et en essayant de les ramasser il l'a touché, en fait j'écoutais pas trop, je sais pas, c'est un peu trop l'été pour que je puisse me concentrer. Le bar est en travaux, il est en train d'être repeint et redécoré, le boss nous explique qu'il reste ouvert quand même mais qu'il fait plus à bouffer parce que l'odeur de la peinture faisait dégobiller les clients. On reste et il nous paie le troisième verre. Je lance un peu la discussion sur ce qu'il y avait ici avant et le mec raconte l'anecdote de l'ex-patron et de la meuf avec quelques changements. Pour lui, le mec l'a tué exprès et a fait payer ses potes pour baiser une morte. Après il a fait croire qu'il était fou pour pas faire de prison. Aucun des anciens clients ne vient ici depuis qu'il a donné sa version. Tous les types qui sont censés savoir répètent que l'ancien patron était souvent saoul plusieurs jours de suite et qu'il se souvenait de rien en général mais ça tient pas comme version qu'il nous dit. Je reste circonspect. Il va peindre tout ça plus clair et refaire les chiottes. Je lui dis que c'est un bien et puis on trinque un coup.

Julie m'a dit qu'elle était revenu là bas mais que les prix ont augmenté et que le mec avait embauché un ami pour passer du trip-hop ou de l'ambient, enfin, un truc merdique comme ça, alors bon, ça vaut plus le coup d'y revenir.

Qui est mon éditeur? Tout le monde.

Un bouquin parle de gens qui parlent de bouquins qui parlent de moi. Je suis touché par toute cette attention mais je ne pense pas la mériter. Mon éditeur m'appelle:
"-Sylvrain t'as entendu la nouvelle?
- Laquelle?
- Attends je passe dans un tunnel"
Je chantonne pendant que la communication est coupé, je chantonne un air que j'ai inventé, j'ai une idée cool pour l'enregistrer, je vais d'abord jouer les deux principaux accords avec un max de reverb et de delay puis rajouter le thème principal au synthé et le doubler à la guitare mais en dégueulasse, avec les trucs tous tordus. C'est un thème de surf à la base.
"- Ouais excuse
- Pas de p...
- Donc c'est ça, c'est bien de toi qu'ils vont parler, enfin de toi... Ils citent ton nom
- Ah ouais? Bah c'est cool
- C'est extraordinaire. C'est extraordinaire. C'est très bon pour toi!
- Mais ils diront quoi?
- Je sais pas, on s'en fout
- Ah?
- Ben oui, t'es pas vraiment le sujet, t'es le prétexte.
- Ah?
- Oui.
- Qu'est ce que t'entends par le prétexte?
- Bah c'est ton nom et ton image, tu vois, parce que bon t'es un peu public quoi. Mais c'est bon pour nous ça! Parce que pour la promo ils vont te citer, et bon, on va monter un buzz dessus. Mais le buzz va se monter tout seul aussi, on va coupler tout ça.
- Ah bon?
- Ben oui, les gens vont dire "Qui c'est ce Martret là? Pourquoi il est dans le livre?". Alors nous on va les devancer! Julien a eu l'idée de faire plusieurs sites internet qui vont lancer des rumeurs tu vois. Des sites pour, des sites contre, tu vois on va monter ça, de payer des blogueurs. Et au bout d'un moment on lance l'info sur ton bouquin.
- Ah... Mais c'est bon ça?
- C'est extraordinaire!
- Mais pourquoi il m'a mis dedans je comprends pas...
- On s'en fout
- Mais non, merde, pourquoi un type écrit sur moi?
- Mais non t'es un prétexte. Bon tu m'emmerdes à force, tu devrais être super content!
- Mais ils vont dire quoi sur moi? Enfin toi, tu vas dire quoi?
- Ok, alors si t'es pas foutu de t'enthousiasmer un tout petit peu pour la meilleure nouvelle depuis qu'on t'a signé je vais te laisser tranquille.
- C'est pas ça, c'est juste que je comprends rien à cette histoire, je veux bien être heureux et tout mais j'aimerais comprendre quelque chose...
- C'est ça, c'est ça, je vais te laisser tranquille, mais pendant que tu te branles à Petaouchnok, nous on bosse, nous on se défonce pour la sortie de ton bouquin alors tu pourrais au moins montrer un peu de gratitude.
- Mmm. Ouais, merci
- Ça fait plaisir, on dirait qu'on te déconstipe à la cuillère.
- Merde.
- Bonne soirée Sylvain.
- Ouais. Ouais, salut."
Je déteste fâcher le type qui me donne de l'argent.

samedi 14 mars 2009

Tu n'es venu que parce que c'était gratuit

"- J'ai adoré ton deuxième spectacle, euh, le cul du... euh le cul
- Le denier du cul
- Ouais voilà
- Ouais, c'était sympa. T'as aimé alors? J'ai essayé de faire ça le plus sympa possible, c'était le mot clé, c'était le fil rouge.
- Oui
- Non, j'étais ironique
- Ah oui, ahah oui, j'avais vu
- Non, non tu n'avais pas vu
- Ah... Ahah. Non mai cette histoire là avec cette révolte des ouvriers c'était bien, parce que c'est vrai que bon, les ouvriers ils paient les pots cassés, et ça c'est pas normal. Tu crois pas? Tu crois pas? Moi c'est ce que j'ai aimé dans ta pièce, quand le type qui joue l'ouvrier viré arrive en parlant de ça, d'être traité comme de la merde alors que le patron baise sa femme, sa fille et sa mère en mangeant du porc, ça j'ai aimé. C'est vraiment fort, c'est vraiment un truc pour les ouvriers, pour pas se laisser marcher dessus quoi, c'était vraiment fort comme truc j'ai trouvé.
- C'était pas du tout ça, pfff, c'était des clins d'oeils ça, pfff, merde, c'était pas du premier degré comme ça, c'était pas un spectacle, je faisais pas de la télé sans écran, pfff, je suis pas Patrick Sébastien, je veux dire, merde, c'est une analyse plate ça, c'est juste mémoriel mais pfff
- Non mais j'ai vraiment aimé, c'était vraiment bon.
- Bon? Bon? Pfff mais y'a pas plus fasciste que de dire que c'était "bon". Tu dis que t'as aimé juste pour parler et t'es venu juste parce que c'était gratuit parce que ta soeur t'a invité parce qu'elle même a eu des places gratuites.
- Ahah oui au début oui, mais j'ai aimé, tout ça, le truc du prêtre qui lit ces marxistes là et puis le truc sur l'aliénation et le symbole, là, j'en parlais à Judith hier, Judith c'est ma presque femme, c'est pour juillet, et je lui disais ça, je lui disais que dans cette pièce on comprenait bien le coup du capitalisme et des objets.
- Tu n'as rien compris.
- Si si, enfin la pièce était bien et les acteurs ouaou, la fille là, celle qui faisait la pute qui était en même temps la mère du metteur en scène, ouaou elle était vraiment touchante, j'en parlais à judith hier et je lui disais "ça c'est une actrice". On parlait des actrices.
- Pfff, (détournant la tête) Marie, on peut s'en aller maintenant?"

L'ennui

Je bois du vin tout seul dans mon grand fauteuil. J'ai perdu mon portable hier soir, enfin je crois qu'on me l'a volé, mais c'était pas des noirs ou des arabes qui me l'ont volé parce que hier soir y'avait pas l'ombre d'un noir ou d'un arabe. Je porte pas de jugement là dessus, je veux juste que y'ait pas d'embrouilles là dessus, parce que souvent on dit "je me suis fait voler mon portable" et la personne en face se dit "encore un coup des noirs et des arabes". C'est de l'abus. Ça arrive rarement en vrai, enfin pas plus qu'avec les autres. Mais cette histoire me gâche ma soirée, je bois du vin tout seul dans mon grand fauteuil. Le temps de mon célibat j'aurais du "Chouwabounga", parce que d'une part, j'ai pas le droit de prendre le vrai cri des Tortues Ninja pour cause de Copyright et d'autre part parce que je serais sorti seul boire de la vodka en draguant au bar, probablement des meufs bien roulées. Mais là je dis "ah flute" parce que je dois attendre que ma meuf débauche. C'est l'ennui.

Elle était de quelle couleur la bagnole?

"- Alors c'était jaune?
- Ouais
- Jaune comment?
- Beh jaune
- Jaune poussin?
- Poussin ouais
- Ou moutarde?
- Ouais moutarde
- Poussin ou moutarde
- Jaune quoi, jaune canari, jaune poussin
- Comme un poussin?
- Ouais jaune
- Ça pétait? C'était une couleur vive?
- Jaune poussin c'est vif?
- Ouais c'est vif
- Alors ouais jaune poussin, une BM jaune poussin, vraiment voyante
- Donc je vais maintenant vous relire votre déposition, puis vous repasserez à l'accueil et vous pourrez repartir
- D'accord. Et y'a beaucoup de chances que je recupère mon sac?
- Oh vous savez, le problème c'est que ces choses là se revendent très vite généralement. Mettons qu'on retrouve les agresseurs.
- Oui
- Bon, si on retrouve les types, on fait des perquisitions, normal, mais généralement à ce moment là on trouve jamais rien. Vous savez, votre ordinateur et votre portable, ils vont les revendre et le reste ils vont juste le dumper par là.
- Merde
- Oui je sais. Mais des fois on retrouve
- Souvent?
- Des fois, des fois ça arrive. Des fois ils sont pas organisés. Ça tient à ça. Parce que des gars bien organisés, ils gardent jamais ce qu'ils prennent longtemps. C'est pfiout, pfiout vous voyez. Sinon ils ont des réseaux solides.
- Merde.
- Je suis désolé hein. C'est jamais agréable de se faire voler des choses. C'était important votre ordinateur?
- Ah oui, je travaille dessus, y'avait tout dessus
- Ah ben faut imprimer. Ici on imprime tout vous voyez. Toujours. On imprime et on classe en réel, c'est plus sûr. Et si y'a un feu on a les ordis. Moi je fais plus confiance aux armoires qu'aux ordinateurs vous voyez. Je garde tout là, comme ça hop, si on a besoin on va chercher vous voyez.
- Bon. Je relis et je passe à l'accueil c'est ça?"

jeudi 12 mars 2009

Un type massif

J'étais assez sur mon banc quand il est arrivé le type. Assez grand, assez costaud. Il me dit "Salut, je peux m'assoir?", je lui fais "Ouais". Après il me parle mais je l'écoute pas trop, sauf quand j'entends "astral". Parce que moi je suis passionné par les voyages astraux et le plan astral et toutes ces merdes. Alors je lui dis que j'ai déjà eu une expérience hors corps. Ça c'est passé d'une façon un peu bizarre, en fait quand j'étais petit j'étais hyperactif et mes parents étaient assez cools genre socialistes genre pas de médicaments tout le temps. En fait c'est faux, ma mère était à fond dans les médicaments, genre accro à des tas de trucs, mais du coup pour déculpabiliser, elle faisait tout pour que nous on prenne rien, même quand on était super malades et tout. Donc j'étais super actif et j'allais voir deux personnes pour trouver des solutions: une meuf à Monbazillac et un type dans le centre de Bergerac. La meuf était une sorte d'hippie chrétienne qui me faisait faire une sorte de yoga et le type essayer de ressembler à Freud, genre barbichette, et il me faisait parler de ce que je ressentait en me concentrant sur ma respiration, genre il fallait aspirer en comptant un deux trois quatre, puis retenir en comptant un deux, pui expirer en undeuxtroisquatre puis retenir undeux et ça pendant des séances d'une heure environ. Donc j'étais mal barré dans la vie. Bref, ces trucs de respiration c'était vraiment cool pour s'endormir par contre, j'avais juste à me détendre et ça venait tout seul et je dormais en deux-deux même quand y'avait du bruit dans le salon. Un soir je fais ça, je m'endors, et d'un coup je vois la porte qui s'ouvre doucement, pas de panique c'est Popeye mon petit chat. Moi j'aime ça qu'il dorme avec moi mais ma mère veut pas, parce qu'on sait jamais, peut être que je vais développer une allergie. Alors je lui dit de venir dans mon lit et je lui fais des calins un peu et je vais pour le sortir de ma chambre. Et c'est là que je fais mon voyage astral parce que dès que l'instant où je me lève, ma chambre disparait, elle devient toute noire, je me retourne et mon lit n'est plus là, ni la télévision, ni mon bureau. Il reste la lumière de la porte du salon alors je vais vers là et mon chat n'existe plus et je suis encore en pyjama. Je pousse la porte mais elle a plus de gond alors elle disparait aussi. Je suis au milieu du noir et il reste juste la lumière de la porte entrouverte, sans porte, sans mur, sans salon, sans chambre. Je me dis "je rêve". Bon, j'avais 9 ans, donc je me dis ça en paniquant. Et puis d'un coup je me rends compte que je sens le sol sous mes pieds, ou plutôt je me rappelle qu'avant cet instant j'étais plus sûr de toucher le sol. Là, je suis dans un terrain vague géant, ou une carrière de pierre géante, partout y'a des petits cailloux blancs, des morceaux de calcaire. Et puis j'entends rire à ma droite. Alors je vais vers ma droite et mon chat est revenu à côté de moi et je me dis que c'est surprise sur prise avec Marcel Béliveau. Là je repense que je suis dans un rêve mais c'est plus réel que d'habitude, je me dis à haute voix "si je me voyais dormir ça résoudrait tous les problémes". À ce moment là d'habitude je me réveille dans mes rêves, mais là non. Alors j'ai continué à marcher vers le rire et je suis arrivé dans une sorte de vieux théâtre antique, genre creusé avec des gros bancs en calcaire. Des gens répétaient une pièce très fort. Ça m'intéressait pas trop parce que j'aime pas le théâtre, un peu trop pd comme art je trouve. Donc je repars en arrière et là je vois ma chambre, enfin tous les éléments de ma chambre posés au milieu de la carrière. Et je me vois en train de dormir dans mon lit. Je me dis merde et je cours vers moi. Là je remarque que j'ai le sommeil agité et plus je reprends mon souffle plus je m'apaise. Alors pour déconner je me secoue et je vois que moi qui dort je suis pris de spasmes. Je trouve ça fou. Au moment où j'essaie de me toucher, paf! ça finit et je reste endormi. Je me suis rappelé de ça que le lendemain et je sais que c'était pas juste un rêve. Quand j'ai fini de raconter ça le mec d'à côté se bavait dessus en faisant tourner un bout de bois dans ses mains, en fait c'était un demeuré, je me suis senti un peu bête.

Julie 7h30

Julie me regarde avec des yeux de poissons. "Me regarde pas avec cet air, t'as l'air d'une sombre conne" je lui dis. On a faim et Julie me tape sur les nerfs. Je déteste la plupart des gens quand ils prennent de la drogue, c'est comme si tout ce qui craint chez eux explosait, alors que putain c'est pas difficile de savoir se tenir, même drogué. Julie parle de choses inintéressantes, elle me dit ce qu'elle a vraiment sur le cœur, elle me dit qu'elle est trop heureuse qu'on se soit rencontrés cette année et qu'avec moi tout est facile, qu'on peut parler de tout sans blablalblalb. Elle me gonfle. Pourquoi les gens savent pas se tenir? Pourquoi ils croient être plus libres quand ils vomissent leur inintérêt. Si c'est enfouis c'est que c'est nul connasse. "Oui moi aussi Julie je suis content de t'avoir rencontré cette année" je lui dis. Parce qu'elle est quand même cool la plupart du temps Julie.

mercredi 11 mars 2009

Encore une putain d'arnaque

La batterie de mon ordinateur se vide, j'essaie d'écrire le plus vite possible, je me relis pas, comme ça demain ou plus tard je pourrais voir ce que ça vaut les trucs écrits dans l'instant. En fait c'est une arnaque, j'ai pensé ce texte pendant une demie-heure en me rendant au café et encore quelques minutes le temps de rassembler mon bol de café au lait, mon verre d'eau et de gouter ma soupe pour voir si y'avait assez de sel. C'est encore faux, j'ai pris une tasse de café. La vérité c'est qu'un lecteur sera toujours baisé parce que je dis "je" alors que c'est pas forcément moi et je dis café alors que ça peut être bière. Même pas, si j'ai pris une soupe, j'ai pas le droit de prendre une bière, parce que le Cagibi c'est pas une licence complète et qu'ils doivent vendre à manger en même temps qu'ils vendent à boire et une soupe c'est pas assez consistant. C'est le serveur roux qui me l'a dit, il a ajouté que j'allais peut être trouver ça stupide. J'ai pas trouvé ça stupide. Ma soupe est finie, mon café est fini, mes cafés même, j'en ai repris, mon verre d'eau est moitié fini, j'en ai pris plusieurs aussi mais j'ai gardé le même verre, mon texte est fini aussi.

Une arnaque

La musique est tronqué, j'ai que le début des morceaux mais j'ai pas la fin, alors évidemment je connais pas tous les passages et souvent je rate les ponts. Je sais pas pourquoi, j'ai pas du installer les bons drivers, ou les bons software, ou les bons hardware, je sais pas, je connais rien aux ordinateurs. Moi ce que j'aime c'est les meufs. Les meufs et la bouffe et l'alcool. Mais je suis pas hédoniste. Je pense que les hédonistes sont des connards, genre Carpe Diem et tous ces fils de pute. Non non, moi je veux un absolu, je veux un truc que je poursuis et que j'aurais jamais, je veux pas faire ces petits caprices genre plaisirs immédiats. C'est vraiment un truc d'enculés l'hédonisme, un truc de libéral de droite, ça me fout les glandes. Après j'ai des amis hédonistes mais c'est pas pareil, ce sont mes amis et je les aime. Donc ils ont le droit. Bref, ma musique est tronquée et d'une certaine façon moi aussi je le suis. Il manque toujours ma fin, tout est bon et puis au moment où on s'attend à ce que ça continue, il manque une fin. Je parle pas de cul là hein, en cul, tout va bien maintenant. Je dis "maintenant" parce que ça a pas toujours été le cas, en fait je suis con, j'avais pas pensé à vérifier à chaque putain de fois qu'il fallait que la meuf soit cool et jolie pour que ça marche. C'est con. Non il manque une fin à d'autres de mes trucs. Genre quand j'écris un texte ça tombe toujours à l'eau.

Vie et mort.

Matthieu passe me prendre à vingt heures avec la vieille bagnole de sa mère. Il a mis son blouson en cuir gris informe et une vieille chemise à carreau qui sent la campagne. On va se bourrer la gueule dans un champ, sans aucune raison valable, même pas l'ennui. Il est prévu qu'il y ait des meufs mais avec Matthieu on s'en branle, au village, on a des meufs mille fois mieux que toutes celles qui pourraient sortir des bois ce soir. Ça veut pas dire qu'on va pas draguer et ça veut pas dire qu'il n'y aura pas une érection ou deux. Seulement la clé c'est qu'on n'a pas les crocs, donc est détendu du gland, à l'aise dans nos baskets. J'ai des Alife Everybody en toile de parachute, Matthieu a un truc informe: il s'en branle de son style. Ou plutôt, plus il est pourri, plus il est content. On mange des sandwichs, ah merde non, on s'arrête au Intermarché pour acheter de la bière, de la vodka, du vin et des trucs à manger. On prend pain, fromage et chips, un peu de saucisson et puis une poche de Regal'ad. C'est moi qui veut les bonbons, j'ai une sorte de dépendance aux bonbons, je peux pas passer une soirée sans, c'est vraiment dingue. En plus, c'est nouveau, gosse j'étais plus dans le salé, genre rillettes/fromage. Ça j'ai pas lâché. On mange nos sandwichs dans la bagnole tout en envoyant des textos à des gens qu'on connait pour leur dire de venir nous rejoindre. L'idée est vraiment de glander là bas, la plupart des copains sont oks, c'est l'été, il fait doux et on est peinards. La radio passe du Jean-Jacques Goldman, Envole Moi, une de mes chansons de lui préférée. Merde, les arpèges au synthé c'est du Jésus. Matthieu aime pas, c'est un hippie.

Mon arcade ne saigne plus mais dès que j'y repense et que je me marre ça repart. Matthieu est couché sur la banquette arrière, il a un fou rire aussi. Au bout d'un moment, il finit par se relever et escalade pour s'assoir côté passager. Il gueule comme un demeuré avec une bouteille à la main -il a sauvé le dernier rouge. Son pantalon est plus déchiré que je le pensais, son caleçon dépasse. En chantant une sorte d'improvisation dont le refrain est à peu près "La grosse salope, la grosse pute", il se met debout, tête au travers du toit ouvrant et mime de la baise. On gueule encore un peu. Avant ce soir j'avais vu des filles horrifiées, des gars aussi, mais surtout des filles, mais un tollé général comme ça, c'est une première. Poser sa bite sur la bouche d'une fille moche membre d'un comité Palestine en plein milieu d'une conversation sur Gaza, c'est chapeau l'artiste, c'est le wall of fame direct. Elle le méritait. Tout propos de demeuré devrait être sanctionné par une bite entre les lèvres. Alors évidemment ça a fait des histoires mais c'était nécessaire, sinon on se fait marcher sur les pieds et c'est la merde. Je pense que si y'avait eu que ça on aurait quand même pu rester là bas, mais ce fut pas le cas. Essayer de baiser les petits frères d'Anaïs la bonnasse aussi c'était délicat, mais ça leur fera une leçon: l'alcool dans les champs c'est de la merde, achetez vous plutôt des dictionnaires à l'avenir. Pareil pour ceux qui voulaient fumer de la beuh. Merde, on est en 2009, la beuh c'est tellement vingtième siècle que la renvoyer au vent c'est encore la meilleure chose à faire. C'était drôle comme passe-temps, et même si je saigne un peu je m'en branle. Après une bonne petite douche on va aller dans la boîte à mineures locales, encore une fois pas pour choper mais pour tâter le pouls. On joue ça local, on joue ça vrai. Cette vie est drôle.

lundi 9 mars 2009

Pour aller dans l'est

Comme cette fille qui était super bien sapée dans le bus l'autre jour, jean blanc skinny, Nikes Dunk grises et gros blouson avec des biches dessus. En fait c'était une crackhead de trente/cinquante ans et elle avait surement que ça comme habits depuis 1994, ironique hein. Les gens dans le bus sont souvent moches. Et le métro est irrespirable trop chauffé et trop poussiéreux. Les filles du bus sont jolies des fois aussi, elles sont mélancoliques je crois, elles regardent par la fenêtre et pensent à la télévision qu'elles vont regarder en arrivant chez elles. Des fois je me dis que je vais les raccompagner. Une fois, une des filles du bus est venue me donner son adresse msn, elle était super bonne et j'avais un polo Lacoste. Mais après elle avait 16 ans et je voulais pas d'emmerdes (d'autant que c'est galère pour baiser des mineures et pour quel résultat?). Je prends souvent le bus, une ou deux fois par jour, je sais que des gens le prennent encore plus souvent.